grève 13 octobre

Grève du 13 octobre : une intersyndicale unie mais qui ne parvient pas à faire le plein

La lutte contre la réforme des retraites a soudé l’intersyndicale. Ce vendredi 13 octobre, cette dernière organisait une journée de grève et de manifestation pour l’augmentation des salaires et contre l’austérité. Pourtant, malgré l’empilement des logos syndicaux, les cortèges ont été peu remplis et la grève faible.

 

« Il faut maintenir l’intersyndicale, mais il faut qu’elle remplisse sa fonction », à savoir donner un élan pour la mobilisation, explique Serge Ragazzacci, le secrétaire général de l’union départementale CGT de l’Hérault. Si tous les syndicats (CFDT, CFE-CGC, UNSA, Solidaires, FO, CGT, FSU, CFTC et les organisations de jeunesse) sont bien présents dans le défilé à Montpellier ce 13 octobre, l’élan, lui, a manqué. Dans la ville, à peine 1500 personnes sont descendues dans la rue pour demander l’augmentation générale des salaires et, éventuellement, peser sur la conférence sociale qui aura lieu entre l’intersyndicale et la première ministre le 16 octobre. Et partout en France, malgré l’union syndicale quasi inédite sur la question des salaires, on est loin des grands cortèges vus pendant la bataille contre la réforme des retraites.

 

Des cortèges peu fournis

 

Si environ 220 rassemblements ont été dénombrés ce vendredi 13 octobre, la capitale de l’Hérault n’a pas été la seule ville à compter de maigres cortèges. Trois milles à 4000 personnes, selon la presse locale à Nantes, 15 000 à Toulouse selon les syndicats (mais 2000 selon la préfecture), 10 000 à Marseille selon l’intersyndicale. Ou encore, entre 1300 et 2000 selon les sources à Grenoble. A Lyon, la ville semble avoir moins souffert qu’ailleurs de cette rentrée sociale difficile. La CGT annonce 12 000 participants, une mobilisation « très correcte », nous affirme une source syndicale. La préfecture du Rhône a dénombré 2300 manifestants, un écart rarement vu dans la ville.

A Paris, le cortège est parti vers 14h30, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a trouvé une sympathique métaphore pour répondre à la question de l’affluence dans les manifestations du jour : « même les sportifs de haut niveau ne peuvent pas battre des records à chaque fois ». La CGT annonce 20 000 personnes dans le cortège parisien, un chiffre des petits jours, même si des syndicalistes venus de toute l’Europe ont rejoint le cortège.

Particularité de la journée : la question palestinienne s’est aussi invitée dans les cortèges. Dans plusieurs villes, des signes de soutien à Gaza ont été arborés. Une banderole « Gaza Résiste » a même été tenue dans le cortège de tête lyonnais.

 

Une grève  peu suivie ce 13 octobre

 

La grève, elle aussi, a été faible ce 13 octobre. Le ministère de l’Education nationale annonce 3,59% de grévistes. Les syndicats enseignants ne communiquent pas de chiffres nationaux. « Cette journée, un vendredi, semble très décalée après le mouvement du début d’année », avance de son côté William, enseignant dans un lycée de Montpellier. Le syndicaliste FSU ne voit pas quelles perspectives elle peut offrir et affirme que son caractère européen est très largement passé inaperçu. Tragiquement, les syndicalistes de l’éducation ont été contraints de s’exprimer davantage sur l’assassinat d’un enseignant à Arras que sur leurs revendications sociales. Pas de chiffre non plus dans l’énergie, bastion de la grève en temps de lutte sociale.

Dans les transports, les perturbations ont été faibles. Localement des lignes de TER ont été perturbées, mais la SNCF ne déplore aucune annulation de TGV. A la RATP, seules deux lignes de RER et cinq de Transilien ont été touchées. Pour Ludovic, militant CGT de l’Hérault : « les gens sont pris à la gorge et après les retraites, c’est compliqué de perdre une journée de salaire ». Pour autant, tout n’est pas sombre pour lui : « on sent que les gens sont assez enclins à se battre dans les entreprises, même s’ils ne sont pas prêts à sortir des boîtes sur les questions interprofessionnelles ».

À l’unisson, Serge Ragazzacci de l’UD CGT 34 voit dans les négociations annuelles obligatoires (NAO) et les élections des CSE à venir un frein à cette mobilisation de ce 13 octobre. Les équipes syndicales dans les entreprises ont été accaparées par ces deux sujets. Et ont finalement peu mobilisé aujourd’hui.

 

 

 

Stéphane Ortega et Guillaume Bernard