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Grève gare de Lyon Perrache : des agents de nettoyage harcelés par un salarié de la métropole de Lyon

 

Humiliations, brimades et harcèlements. Ainsi se résume le quotidien des agents de nettoyage de la gare de Lyon Perrache. Tyrannisés par un salarié de la métropole de Lyon, ils et elles ont relevé la tête et sont tous entrés en grève illimitée ce mardi.

 

« Lorsque je suis à la douche après le karcher, il tape sur la porte pour me faire sortir plus vite, ou éteint la lumière. » « Il m’interdit d’avoir une chaise alors que je reste pendant six heures debout dans les sanitaires », « Nous n’avons pas le droit de parler aux usagers de la gare. » « On ne peut pas utiliser le parking des personnels, contrairement à tous les autres salariés en sous-traitance. »

Sur le piquet de grève, c’est un véritable comportement de tyran que décrivent les agents de nettoyage de la gare routière de Lyon Perrache, tous et toutes en grève. En cause, non pas leur supérieur ou leur patron, mais un contrôleur qualité, agent de la métropole de Lyon, collectivité qui a la charge du nettoyage des locaux de la gare routière.

« La métropole sous-traite le nettoyage des locaux à la société Arc En Ciel Nettoyage. Cette dernière emploie une vingtaine de salariés qui se relaient jour et nuit et travaillent sous l’œil d’un contrôleur qualité employé par la métropole, toujours le même », résume Marion Alcazar, juriste à la CNT-SO, syndicat auquel ont adhéré plusieurs salariés.

 

« C’est moi qui paie donc c’est moi qui décide »

 

A la gare de Lyon Perrache, le contrôleur qualité de la métropole utilise sa position d’employé du donneur d’ordre (donc du « client »), pour faire régner sa loi sur les équipes d’Arc en Ciel. Et comme « le client est roi », personne ne peut rien lui dire. Or la situation d’ingérence est totale puisqu’il ne travaille même pas dans la même entreprise que ceux à qui il se permet de donner des ordres.

« Il nous disait : c’est moi qui paie donc c’est moi qui décide », explique M.Barbouchi. Agent de maîtrise, cet employé d’Arc en Ciel constitue le binôme avec lequel l’employé de la métropole doit effectuer le contrôle qualité du nettoyage de la gare. Mais alors que ce contrôle doit s’effectuer de manière contradictoire, prestataire d’un côté, donneur d’ordre de l’autre, l’agent de la métropole prend l’ascendant sur le prestataire. « Au début j’étais diplomate, j’ai cédé à son ingérence. Mais il s’est mis à sérieusement exagérer, il voulait tout savoir : comment se passe l’organisation des équipes, qui est ce nouvel employé…En plus de ça il, nous mettait des pénalités financières pour un rien. » Peu à peu, la situation échappe aux salariés d’Arc en Ciel. Et ni leur employeur, ni la métropole de Lyon, ne bougent le petit doigt.

« Les problèmes avec ce contrôleur qualité durent depuis des années. A l’époque où le ménage de la gare n’était pas assuré par Arc En Ciel, mais par une autre société de sous-traitance, Samsic, l’inspection du travail avait même ouvert une enquête. Elle a été arrêtée lorsque Arc en Ciel a pris la relève, sans que l’on ne sache pourquoi », détaille Marion Alcazar de la CNT-SO.

 

Une grève qui met en cause la métropole

 

La CNT-SO a pourtant alerté la métropole de Lyon des agissements de son employé. « Au début, ils ont fait semblant d’agir. Ils ont demandé à leur agent d’arrêter de parler aux salariés d’Arc En Ciel. Ça a été pire : il s’est mis à les siffler et à les prendre en photo », raconte Marion Alcazar.

Dans une autre réponse de la métropole faite à la CNT-SO, en date du 1er Juin, et que Rapports de Force a pu consulter, la métropole écrit noir sur blanc que le positionnement de son salarié « nécessite une explication auprès des salariés d’Arc En Ciel qui ne semblent pas être bien informés des missions qui lui sont confiées ».

« La métropole explique en gros que les agents de nettoyage ne sont pas contents parce qu’un contrôleur qualité évalue leur travail… », analyse, amère, Marion Alcazar.

La métropole ajoute également : « En tant qu’employeur, la société Arc en Ciel est garante de la santé de ses salariés et doit prendre toutes les dispositions nécessaires pour y veiller. »

Pour Marion Alcaraz : « C’est une manière de sous-entendre que les obligations de santé et de sécurité relèveraient de la seule responsabilité de l’entreprise sous-traitante. Or c’est faux, le donneur d’ordre a lui aussi un devoir de vigilance à l’égard des salariés sous-traités ! Cette réponse est d’autant plus indécente que la métropole écologiste se pose en nouvelle majorité socialement juste et ethniquement irréprochable. » La métropole assure enfin avoir contacté la société Arc en Ciel, dès mars pour lui proposer de rencontrer ses salariés. Une invitation restée lettre morte à ce jour. Contactée, la métropole de Lyon, ne nous a pas répondu pour l’instant.

Bien décidés à mener leur grève jusqu’à la victoire, les grévistes de Lyon Perrache souhaitent donc une réunion tripartite rassemblant la direction d’Arc en Ciel, ses salariés en lutte et la métropole de Lyon. Par la grève, ils exigent le retrait du site du harceleur mais aussi une prime panier repas pour les salariés et un 13e mois intégral, ce qui équivaudrait aux conditions de travail des salariés du nettoyage internalisés au sein de la métropole de Lyon. La société Arc en Ciel étant par ailleurs connue comme étant un employeur particulièrement maltraitant.