« À l’heure de la lutte contre le réchauffement climatique, la pénurie de chauffeurs de bus est une absurdité et un crime », dénonce-t-on, depuis le piquet de grève de Keolis. Or, pour recruter, il faut augmenter les salaires et les conditions de travail. C’est pour cette raison que les salariés de cette filiale de la SNCF se sont massivement mis en grève dans l’Isère depuis le 3 janvier.
Depuis mardi 3 janvier, les salariés de l’entreprise de transport Keolis Porte des Alpes (KPA), sont entrés massivement en grève en Isère. « On a décidé d’une action au mois de décembre. On avait prévu de faire trois jours, mais face à l’ampleur de la mobilisation on est finalement entrés en grève illimitée », explique Pierre Fabre, délégué syndical CGT chez KPA. Résultat, avec 90 grévistes sur près de 180 salariés, le trafic est très fortement mis à mal. Les lignes départementales de bus ne sont assurées « que de manière symbolique », expliquent les grévistes dans un communiqué, et des cars scolaires manquent à l’appel.
L’objectif ? Mettre fin à des salaires plutôt bas (entre 1800€ et 2000€) en dépit des amplitudes horaires très larges pendant lesquelles exercent les chauffeurs. Pour ce faire, les grévistes revendiquent notamment une hausse du taux horaire à l’embauche de 13€, au lieu de 11,84€, une prime Macron de 1000€, mais également l’augmentation de la part patronale de la mutuelle ou le versement de la prime de repas pour chaque jour travaillé. « Pour l’heure, la direction nous a seulement proposé 200€ de prime ainsi qu’une ouverture des Négociations annuelles obligatoires (NAO) dès janvier. Or nos NAO, si elles ne se tiennent pas forcément en janvier, ont toujours été rétroactives. Cette proposition n’en est donc pas une », continue Pierre Fabre. Alors le mouvement continu et les grévistes s’organisent en comité de grève. Tous les syndicats impliqués dans la lutte (SUD, FO, CGT, CFDT), mais aussi les salariés non syndiqués, peuvent y être représentés.
Pénurie de chauffeurs de bus « à l’heure de la lutte contre le réchauffement climatique »
C’est loin d’être la première grève chez Keolis, filiale de la SNCF. En octobre 2022, les salariés de l’Essonne avaient obtenu des augmentations de salaire après dix jours de grève. Malheureusement, comme la boîte est découpée en différentes filiales en fonction des zones géographiques, les grèves des uns ne profitent pas aux autres.
Transports : les grévistes de Keolis décrochent des augmentations de salaire
En revanche, les luttes dans les réseaux de bus sont toutes renforcées par un même paramètre : la pénurie de main-d’œuvre. Partout en France, les entreprises de transport par bus peinent à recruter et fonctionnent souvent à flux tendu. Ainsi, la moindre absence peut perturber considérablement le trafic, ce qui rend les directions vulnérables face aux grèves. « À l’heure de la lutte contre le réchauffement climatique, cette pénurie est une absurdité et un crime. La satisfaction de nos revendications serait le strict minimum pour attirer dans nos métiers les conducteurs de bus dont on a besoin », font habilement valoir les grévistes de KPA.
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