Alors que la grève dure depuis plus de sept semaines pour le règlement d’heures impayées, une majoration salariale de 50 % les dimanches et un treizième mois, les femmes de chambre passent à l’acte II de leur mouvement. Mardi 4 juin, elles se déplacent à Madrid, au siège de NH Collection. Ce sera le début d’une série d’actions lancées par la CNT-SO qui cibleront le donneur d’ordre au-dessus de l’entreprise de nettoyage Elior qui emploie les femmes de chambre.
NH collection, on vient te chercher chez toi ! Clin d’œil aux gilets jaunes qui sont venus les soutenir à plusieurs reprises sur leur piquet de grève le samedi, les femmes de chambre de Marseille ont décidé de se rendre directement dans la capitale espagnole au siège de NH Hôtel (NHH), le groupe propriétaire de l’hôtel du boulevard des dames à Marseille. Parties lundi après-midi de la cité phocéenne, elles participeront mardi midi à un rassemblement devant l’hôtel NH Paséo Prado proche du parlement espagnol. Là, elles retrouveront la CGT espagnole du secteur de l’hôtellerie qui appelle au rassemblement, ainsi que les militantes du groupe Las Kellys (las que limpian – celles qui nettoient en espagnol), un groupe de femmes de chambre actif dans toute l’Espagne.
Plus tard dans l’après-midi, elles se rendront devant les locaux de NHH. Par ailleurs, des contacts ont été pris avec Podemos qui pourrait les recevoir au parlement. La grève au NH Collection de Marseille n’est pas le premier conflit dans lequel se lance la CNT-SO des Bouches-du-Rhône dans le secteur du nettoyage, mais c’est le premier qui dure si longtemps. Les fois précédentes, les victoires ont été obtenues en quelques jours malgré la précarité qui règne dans ce secteur d’activité. Ce coup-ci, les femmes de chambre s’attaquent à Elior, un mastodonte de la sous-traitance qui emploi 17000 salariés dans tout le pays. Ainsi, avec ce déplacement à Madrid, elles entendent contourner l’entreprise sous-traitante et « interpeller au sommet leur véritable employeur », indiquent-t-elles dans un communiqué.
Un premier signe d’ouverture
Hasard du calendrier, juste avant le départ de la délégation se rendant à Madrid, Elior a proposé aux femmes de chambre et à la CNT-SO une médiation pour mercredi à 10 h à la mairie de Marseille. Jusque là, le sous-traitant avait refusé toute négociation en présence du syndicat, invoquant sa non-représentativité dans l’entreprise. Elior avait même décliné une médiation de l’inspection du travail demandé par la CNT-SO le mois dernier. Là, c’est l’employeur qui a nommé son propre médiateur. Celui-ci mettra autour d’une même table les femmes de chambre, Elior, mais aussi la CNT-SO qui souhaiterait que la société NH Hôtel soit présente. Si cette rencontre est une première ouverture au bout de 55 jours de conflit, rien n’indique qu’un accord pourrait être trouvé mercredi.
Par conséquent, la CNT-SO entend poursuivre sa stratégie pour impliquer le donneur d’ordre NH Collection. En plus du déplacement à Madrid, un autre voyage est déjà programmé le 14 juin. Cette fois-ci à Genève. Ce jour-là, la CGT HPE, impliquée dans une grève au Campanile de Suresnes en région parisienne, se rend dans la capitale suisse pour une action devant un hôtel du groupe. Les femmes de chambre de Marseille se joindront à leur rendez-vous avant de se rendre avec la CGT-HPE devant un hôtel de NHH de Genève.
Ainsi, la CNT-SO des Bouches-du-Rhône reprend la stratégie mise en œuvre par le syndicat dans un autre conflit un an plus tôt : celui des femmes de chambre de l’Holiday Inn à Paris. Pour mettre la pression sur le groupe propriétaire de l’hôtel, elles s’étaient déplacées à son siège social à Londres. Elles avaient eu gain de cause au bout de 111 jours de grève. À Marseille, la CNT-SO se prépare à ce que la grève se poursuive. Pour maintenir la flamme, le syndicat procédera samedi à la remise des chèques de soutien pour compenser les salaires du mois de mai.
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