A quelques jours de la fin des négociations du Ségur de la santé, soignantes et soignants descendent une fois encore dans la rue. Ils jugent les 6,3 milliards d’euros promis par le ministre de la santé largement insuffisants et entendent bien maintenir la pression.
Le Ségur de la santé ? « Une arnaque ! », « Une vaste blague ! » « Une mascarade ». Respectivement pharmacienne biologiste et technicienne de laboratoire d’analyse de l’hospice civil de Lyon, Edith et Isabelle ne sont pas à court de synonymes pour qualifier la consultation mise en place par le gouvernement. « Ils ont fait comme si nos revendications n’étaient pas déjà sur la table depuis des années. Comme s’il y avait besoin qu’on discute pendant des mois pour savoir ce qu’on veut alors que c’est très clair : il nous faut des moyens, des embauches et des lits », continue Edith.
Lancée le 25 mai pour concrétiser le « plan massif d’investissement et de revalorisation » promis par Emmanuel Macron pendant la crise du Covid-19, le Ségur de la santé est d’ores et déjà considéré comme un échec par les manifestants réunis devant l’hôpital Edouard Herriot de Lyon.
La consultation, qui doit s’achever vendredi 3 juillet avec une ultime réunion, ne consiste plus désormais qu’à réfléchir à la répartition de l’enveloppe de 6,3 milliards d’euros alloués par le gouvernement. Or cette somme est jugée insuffisante par de nombreuses organisations participant au Ségur. Pour cette raison, le syndicat Sud-Santé, qui demandait 14 milliards d’euros uniquement pour augmenter de 300 euros net toutes les fiches de paie du secteur, a quitté la table des négociations.
Une manifestation essentiellement composée de soignants
Ainsi, après le succès du 16 juin, où 100 000 à 180 000 manifestants (selon les sources) avaient défilé en soutien à l’hôpital public, les soignants ont décidé de maintenir la pression ce 30 juin. Une centaine de manifestations sont ainsi prévues à travers la France, principalement devant des hôpitaux. A Paris, le cortège s’est élancé de l’ancien hôpital militaire du Val-de-Grâce, en direction du ministère de la Santé. A Lyon, ils sont entre 1000 et 2000 à défiler, là où le le 16 juin avait rassemblé entre 10 000 et 13 000 personnes.
Jetant un coup d’œil circulaire à la place d’Arsonval, point de départ de la manifestation lyonnaise, Isabelle commente : « Là il n’y a pas trop de monde, mais la dernière fois il y avait beaucoup d’usagers de l’hôpital, c’est très important pour nous, ça montre que les gens ont compris que la santé était l’affaire de tous. » Cette fois, mis à part les facs et laboratoires de recherche, toujours en lutte, la manifestation est en grande majorité composée de travailleurs de la santé.
Alors que le cortège démarre, le camion de la CGT annonce déjà : « La prochaine manifestation aura lieu le 14 juillet ». En effet, la fête nationale, qui comportera cette année un hommage aux soignants, ne saurait être, pour les soignants en lutte, une énième cérémonie de remise de médailles. « Il nous faut des moyens, des embauches et des lits », martèle Edith.
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