Sixième semaine de grève à Transdev : la direction joue la division


 

Le bras-de-fer promet de durer encore. Depuis six semaines pour certains, les conducteurs de bus de la société Transdev sont en grève, en Seine-et-Marne et dans le Val d’Oise. Face au refus d’appliquer les nouveaux accords liés à l’ouverture à la concurrence du réseau francilien, la direction tente de négocier… Au cas par cas. Pour mieux diviser, selon les syndicats.

 

Le mouvement de grève des salariés de la société Transdev, implanté en Seine-et-Marne et touchant le Val d’Oise, entame sa sixième semaine. De nouveaux dépôts ont récemment rejoint la lutte, dont celui de Rambouillet. Si certains privilégient des grèves perlées (comme à Nemours ou Rambouillet), beaucoup se maintiennent en grève continue (comme Chelles, Marne-la-Vallée, Saint-Gratien, Vulaines-sur-Seine, Vaux-le-Pénil)…

Face à la longévité et à l’extension du mouvement, l’employeur poursuit le bras-de-fer. « La stratégie de la direction est d’abord de jouer le pourrissement, en essayant d’essouffler le mouvement. Puis, de trouver des accords au cas par cas afin de faire reprendre le travail aux plus précaires », décrit Jamel Abdelmoumni, délégué central Transdev Île-de-France Sud Rail. Les organisations syndicales défendaient une négociation groupée, avec un protocole commun de sortie de conflit. Mais ils assurent avoir essuyé un refus catégorique de l’entreprise.

Depuis, la direction commence à renégocier dépôt par dépôt. Déjà, à Sénart, un protocole a été signé, par deux organisations syndicales sur trois. Contactée par Rapports de Force, la direction de Transdev nous indique : « à Sénart, la direction et les organisations syndicales ont signé un protocole et le travail reprend progressivement… L’offre était à 80 % hier ». La direction mise sur une reprise normale du trafic, tandis qu’« une partie des conducteurs y est toujours en grève. Ils sont près d’une vingtaine », nuance Jamel Abdelmoumni. Une assemblée générale doit avoir lieu prochainement pour discuter du maintien de la mobilisation au dépôt de Sénart, mais aussi à ceux de Cesson et Combs-la-Ville qui lui sont rattachés. 

Le calendrier des négociations dépôt par dépôt s’intensifie. Lundi 11 octobre, une réunion pour le dépôt de Vaux-le-Pénil s’est tenue à la Cité administrative de Melun, avec un médiateur de l’Inspection du travail. Ce mardi 12 octobre, c’est au tour de Marne-la-Vallée, toujours en présence de l’Inspection du travail. Pour Vulaines-sur-Seine, deux rendez-vous sont programmés – l’un ce mardi 12 octobre, l’autre jeudi 14 -, sans médiateur cette fois. Pour le reste, « les rencontres avec les organisations syndicales se poursuivent à Fontainebleau, Melun et Marne la Vallée » nous précise Transdev. Pour l’heure, Sénart est le seul endroit où un protocole de sortie de conflit a été signé.

Pour Jamel Abdelmoumni, « la direction divise les centres. Quand l’un est en grève depuis une semaine, et l’autre depuis six semaines, forcément, les salariés de ce dernier ont envie de voir le bout… Ils ne peuvent pas se permettre d’attendre ».

 

Ile-de-France Mobilités confie une mission à Jean-Paul Bailly

 

Pourtant, la grève à Transdev née en Seine-et-Marne est loin de ne concerner que ce département. Lundi, le conseil d’administration d’Ile-de-France Mobilités a lancé l’application de nouveaux accords à d’autres dépôts. À terme, c’est toute l’Ile-de-France qui est concernée. À l’origine de ces changements des conditions de travail : la renégociation de l’accord-cadre entre Transdev et Île-de-France Mobilités, avec l’ouverture à la concurrence du réseau de bus francilien impulsé par Valérie Pécresse (présidente de région et d’Île de France Mobilités). Là où les nouveaux accords commencent à être appliqués, « les conducteurs ont perdu de 200 à 500 euros net par mois. Et les amplitudes horaires ont augmenté, jusqu’à 14 heures par jour », expliquait Hakim, conducteur à Vulaines, à Rapports de Force.

Dans un communiqué paru ce lundi 11 également, l’autorité organisatrice des transports franciliens annonce avoir confié une mission à Jean-Paul Bailly, ancien Président de la RATP et ancien Président de la Poste. Le but ? « Faire converger les points de vue entre les représentants du personnel et les syndicats d’un côté, et les directions des différents réseaux concernés de l’autre. L’objectif est de faire aboutir rapidement les négociations sur les réseaux qui ne seraient pas parvenus à un accord ». Le président de cette mission sera assisté par Jean Bessiere, ancien président de la commission mixte paritaire de la branche ferroviaire ; ainsi que par Jean Grosset, ancien délégué général adjoint de l’UNSA.