Ce jeudi 11 septembre, Cédric Caubère, secrétaire général de l’UD CGT 31, vient d’embarquer pour Gaza depuis la Sicile. Objectif : briser le blocus israélien. Il nous raconte sa préparation.
La photo est prise depuis le bateau. On y aperçoit, la mer, quelques voiliers et un bout de drapeau CGT qui flotte au vent. Voilà l’image qu’a pu nous envoyer Cédric Caubère, secrétaire général de l’Union Départementale CGT de Haute-Garonne (UD CGT 31) ce 11 septembre 2025. Il n’était pas assuré d’avoir une connexion internet suffisante, c’est pour l’instant le cas.
Depuis le 31 août le cégetiste résidait, avec d’autres membres de l’équipage, à Catane, en Sicile. Il a finalement pu embarquer pour Gaza aujourd’hui. Lorsque nous avons réalisé cette interview, le 8 septembre, il ne pouvait pas livrer la date de son départ pour des raisons de sécurité. En tant que syndicaliste CGT, il se joint à la l’initiative de la Global Sumud Flotilla. Celle-ci doit acheminer entre 50 et 80 bateaux partis de Barcelone, de Tunis, de Grèce et de Sicile dans l’espoir d’accoster en Palestine. Au total, 500 à 700 participants font partie de cette opération. Interview.
Rapports de Force : Pouvez-vous nous expliquer l’objectif de la flottille ?
Cédric Caubère : Le but est d’apporter des vivres à Gaza. Mais ces vivres ne seront qu’une goutte d’eau. On y va surtout pour lever le blocus israélien et ouvrir un corridor humanitaire. Matériellement, nous n’avons que des petits bateaux d’une petite dizaine de personnes chacun. Mais nous mettons une pression internationale monstrueuse à Israël. Car derrière nous, il y a énormément d’organisations qu’elles soient politiques, associatives, syndicale. Et surtout de nombreux citoyens qui n’en peuvent plus de voir un génocide se dérouler sous leurs yeux sans rien pouvoir faire. Cela rend Israël fou : ça les marginalise.
La leçon de ces dernières années, c’est que les gouvernements sont incapables d’empêcher le massacre, ils sont à côté de la plaque. Il y a donc besoin d’une initiative citoyenne. C’est ce que l’on fait. On doit agir pour stopper le carnage.
Comment vous-êtes vous retrouvé à bord de cette flottille ?
Le bureau confédéral de la CGT a jugé qu’au vu de la situation à Gaza, il y avait besoin de mesures fortes. On a donc décidé d’envoyer un dirigeant national, puisque je suis membre du CCN (le comité confédéral national de la CGT). Ainsi, on entend que la flottille soit respectée. La décision s’est faite très vite. Il y avait plus de 35 000 demandes pour partir. Je pense que c’est aussi une forme de reconnaissance de l’engagement des syndicats de Haute-Garonne sur les questions internationales.
Je n’ai pris que des affaires que je suis susceptible de perdre. J’ai un téléphone et un ordinateur dédié au voyage. Ce n’est pas un scoop, mais il y a des risques forts que les membres des divers équipages fassent un tour par la prison. En fait, il y a globalement trois possibilités. Soit on arrive à Gaza, soit on est détournés en mer contre notre volonté, soit on est interceptés par Israël. Et là oui, c’est les geôles.

Quelle préparation avez-vous reçu lors de votre séjour en Sicile ?
On a une préparation sur différents aspects liés à la non-violence. Les aspects juridiques, les problématiques d’incarcération en Israël. On s’entraîne aussi à vivre à bord d’un bateau de 15 mètres. C’est un espace très restreint avec peu d’intimité donc on apprend à prendre soin les uns des autres, faire la cuisine, le ménage, aider à la navigation.
Je suis employé de la CARSAT (caisse d’assurance retraite), je vis à Toulouse, où il n’y a pas la mer… J’ai donc peu navigué dans ma vie. Si ce n’est à contre-courant, dans mon entreprise (rires).
Heureusement, y a une grande solidarité dans les équipages. Nous venons de pays différents, de professions et de milieux différents, il y a des jeunes et des vieux : mais nous sommes tous là pour la même chose. Et nous sommes déterminés.
Quels liens avez-vous avec votre famille ou vos camarades de la CGT ?
Ma famille a été très courageuse et me soutient. C’est important quand on est militant, d’avoir du monde derrière. Pour ce qui est de mes camarades, ils sont avec moi évidemment, parce que nous voulons absolument gagner.
Faisons face ensemble !
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