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Un week-end et quatre manifestations


 

Grève mondiale pour le climat vendredi, manifestation nationale de Force ouvrière à Paris contre la réforme des régimes de retraite, acte 45 des gilets jaunes et marche pour le climat samedi : un week-end très chargé dans la capitale. Si vous avez raté cet embouteillage de mobilisations, nous en faisons un petit résumé pour vous.

 

Une poignée de gilets jaunes par ci, une grappe de syndicalistes enseignants par là, la troisième grève mondiale pour le climat est restée en France une affaire de jeunes, même si cette fois-ci l’ensemble de la population était convié à descendre dans la rue. À Paris, le cabinet Occurrence a comptabilisé 9400 manifestants, deux à trois fois moins qu’en mars et mai dernier. Aux traditionnels « Et un et deux et trois degrés, c’est un crime contre l’humanité » et autres « on est plus chaud, plus chaud, plus chaud que le climat », se sont ajoutés de nombreux slogans dénonçant le système de production capitaliste comme cause du changement climatique. Une banderole résumait l’impatience de la jeunesse face à l’inaction des gouvernements : « respect existence ou expect résistance ».

Sur l’ensemble du territoire, quelques dizaines de milliers de jeunes ont défilé à travers 120 événements répertoriés. Ils étaient près de 5000 à Toulouse, 2000 à Strasbourg, Rennes et Lyon, ou encore un millier dans des villes de taille moyenne comme Poitiers, Vannes, ou Tours. À l’échelle de la planète, la troisième grève pour le climat a par contre franchi un palier. Plus de 4 millions de personnes dans 140 pays sont descendus dans la rue sur les cinq continents selon le décompte des ONG, contre un à deux millions l’an dernier. La progression est très nette en Australie, en Allemagne ou aux États-Unis.

Plus de 200 000 manifestants ont été dénombrés à Berlin contre 20 000 lors de la première grève climatique du 16 mars. Outre-Rhin, les manifestations pour le climat ont réuni plus d’un million de jeunes dans tout le pays. À New York, 250 000 jeunes et moins jeunes ont arpenté le centre-ville de Big Apple, alors que des milliers d’autres manifestaient dans la plupart des grandes cités américaines. À Londres, 100 000 jeunes et moins jeunes ont défilé dans la capitale britannique, dix fois plus que lors de la première marche de la jeunesse au mois de mars.

 

Un samedi de convergence

 

La convergence souhaitée par une partie des gilets jaunes et des organisateurs des marches pour le climat a en partie eu lieu ce week-end à Paris. Le déploiement de 7500 policiers et gendarmes dans la capitale et les interdictions de manifester dans l’Ouest parisien ont dans un premier temps limité les possibilités de jonction et empêché la formation d’un réel cortège. Le rendez-vous programmé place de la Madeleine dès 9 h du matin le samedi par l’association Attac et le syndicat Solidaires a été interdit par arrêté préfectoral moins de 24 h plus tôt. Tout au long de la matinée, de petits groupes tentent malgré tout de manifester ou de se rendre sur les Champs-Élysées. En quelques heures, les forces de l’ordre interpellent 90 personnes et en verbalisent 120 autres. Le ton est donné.

L’après-midi, de très nombreux gilets jaunes convergent vers la marche pour le climat. La tête de la manifestation est occupée par « un millier de militants radicaux » organisés en black bloc, selon la préfecture de police de Paris. Ils devancent une manifestation massive. Aux quelques dégradations de mobilier urbain et de vitrines de banque en début de défilé, répondent la doctrine du maintien de l’ordre mainte fois observée ces derniers mois : la punition collective. Les témoignages de l’utilisation de grenades lacrymogènes ou de désencerclement, de LBD et de charges sur l’ensemble de la manifestation sont nombreux. Même sur des endroits calmes et malgré la présence de famille avec enfants.

 

Même répression, mêmes combats ?

 

Une disproportion telle, que la repression n’a pas eu pour effet une condamnation, par les organisateurs de la marche, des dégradations commises en début de défilé. Même si Greenpeace a appelé ses troupes à quitter le cortège noyé sous les gaz lacrymogènes, l’ONG a ensuite dénoncé « une attaque policière inédite dans l’histoire du mouvement social ». L’ensemble des organisateurs ont également vilipendé dans un communiqué commun « une volonté délibérée et inacceptable du gouvernement de réduire la contestation au silence ». Et ce, bien qu’une partie des participants rejetant les actions violentes ait eu l’impression de se faire voler leur marche pour le climat.

Si l’objectif était d’entériner une séparation irréconciliable entre gilets jaunes et marcheurs pour le climat, c’est raté. La tonalité « fin du monde, fin du mois, même combat » était bien présente dans le défilé. Par contre, s’il s’agit d’installer une forme de terreur éloignant une partie de la population des manifestations, ou de réduire une opposition pouvant devenir si massive qu’elle déstabilise un jour le pouvoir, c’est peut-être en partie gagné. L’avenir nous le dira. En attendant, une partie des défenseurs du climat radicalise ses positions, notamment vis-à-vis des forces de l’ordre et des formes d’action. Ce samedi, 150 000 personnes ont manifesté dans toute la France.

Pendant ce temps, 8000 syndicalistes de Force ouvrière battaient le pavé parisien, selon nos sources, contre la réforme du système de retraite voulue par Emmanuel Macron. Cette manifestation nationale en solo de la troisième force syndicale à Paris intervient quelques mois après une guerre intestine autour du débarquement puis de la succession de son ex-secrétaire général Pascal Pavageau. Mais là aussi, la convergence avec la CGT, Solidaires et la FSU, qui manifestent mardi contre la retraite à points pourrait être bientôt au programme. En tout cas, dans la manifestation elle était sur les lèvres de nombreux militants. Elle sera probablement au programme des discussions du prochain comité confédéral national mercredi 25 et jeudi 26 septembre.