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Scopelec : la fin de la plus grande coopérative de France


 

Placée en redressement judiciaire en septembre 2022, Scopelec, la plus grande coopérative de France, pouvait être reprise par deux projets concurrents. Le premier était porté par les salariés, le second par un fonds d’investissement britannique. Devinez lequel a été choisi.

 

Qui pouvait bien reprendre Scopelec, la plus grande société coopérative de production (Scop) française ? Newscope, projet de Scop portée par l’ex-direction de Scopelec ? Ou le groupe français Circet, propriété du fonds d’investissement britannique ICG ? Le tribunal de commerce de Lyon a tranché ce 28 décembre, optant pour Circet et mettant fin à l’histoire de la Scop de 2300 salariés, fondée en 1973 près de Toulouse.  Le projet des salariés envisageait de conserver environ 1500 emplois contre 1100 pour le projet Circet. Mais c’est la proposition du fonds de pension, jugée « plus solide financièrement », par le tribunal de commerce, qui a été retenue.

Pour rappel, depuis septembre 2022, la coopérative est placée en redressement judiciaire. La cause ? En novembre 2021 Orange, son principal client, décide d’arrêter de lui sous-traiter son activité d’installation de fibre optique, alors que celle-ci représente 40% du chiffre d’affaires de Scopelec. Un coup de massue dont la Scop ne se relève pas.

Malgré des mobilisations en région Occitanie, fief de l’entreprise, mais aussi à Paris et à Lyon, ainsi que le soutien de députés NUPES locaux, de François Ruffin, de Grégory Doucet maire écologiste de Lyon, ou encore de la présidente de la région Carole Delga (PS), rien n’a fait varier la décision du géant des télécommunications. Le gouvernement, pourtant actionnaire à 23% d’Orange, impassible ou impuissant, ne pèsera pas non plus dans la balance. Et ce malgré les gesticulations de Dominique Faure, secrétaire d’Etat à la ruralité et maire d’une des villes de banlieue toulousaine où Scopelec est fortement implantée.

 

Jeu trouble d’Orange, salariés sur le carreau

 

La décision du tribunal de commerce de Lyon meurtrit d’autant plus les salariés que, jusqu’à début décembre 2022, ces derniers pensaient que leur projet de nouvelle Scop était soutenu par Orange. Une position finalement démentie par le géant des télécommunications. Constatant l’impuissance des salariés à reprendre le contrôle de leur entreprise, certains agitent la nécessité d’une loi. « Il faut promulguer la loi du droit de préemption pour le rachat d’une entreprise par ses salariés », s’indignent trois membres du comité Économie Sociale et Solidaire (ESS) du PCF, dans une tribune publiée dans le journal l’Humanité.

 

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Mais en attendant une éventuelle loi, plus d’un millier de salariés savent d’ores et déjà qu’ils ne pourront pas être repris. Et leur avenir s’obscurcit. De son côté, Circet a annoncé que des départements licencieraient moins que d’autres. Certains espèrent alors pouvoir passer entre les mailles du filet, quand d’autres se savent condamnés. C’est le cas, semble-t-il, à Saint-Georges-des-Groseillers (Orne) et Val-de-Reuil (Eure). Sur ces sites, les journées, largement allégées par le manque de travail, consistent désormais à attendre les lettres de licenciement. Une bien triste fin pour une entreprise où les travailleurs étaient autrefois à l’initiative.