Le mardi 29 novembre, un appel à la mobilisation nationale des salariés du social et du médico-social a été lancé par la CGT, Sud, la FSU et le Collectif de mobilisation du travail social d’Ile-de-France. Face à des conditions de travail difficiles et des salaires au rabais, les syndicats souhaitaient secouer le gouvernement qui reste sourd à leurs revendications.
Ce mardi 29 novembre, les salariés du secteur social et médico-social se sont rassemblés devant le ministère des Solidarités avant de partir en manifestation, pour protester contre leurs mauvaises conditions de travail et des salaires trop faibles. Au total, 5 000 personnes ont manifesté en France, selon la CGT. « Essentiels » pendant le confinement, c’est désormais tout un secteur qui est précarisé, ce qui impacte autant les salariés que les publics qu’ils accueillent.
Pas de prime Ségur pour tous
Si la prime Ségur de 183 € a été généralisée à certains salariés du secteur, qui en avaient été exclus dans un premier temps, certaines professions en restent écartées. Agent administratif, cuisiniers, personnels de la logistique, autant de travailleurs essentiels au fonctionnement des structures médico-sociales, qui ne voient pas leur contribution reconnue par les pouvoirs publics. Si cette demande n’est pas nouvelle, les négociations patinent. « Il n’y a toujours pas d’avancées malgré la demande faite par les organisations syndicales, voire certaines organisations patronales. Le gouvernement reste sourd », regrette Abder El Houari, secrétaire générale adjoint de l’UFAS-CGT.
En septembre, Jean-Christophe Combe, le ministre des Solidarités, avait enterré le sujet : « il n’y aura pas d’extension des 183 € au personnel administratif et technique ». Une fin de non-recevoir brutale qu’il avait tout de même jugé bon d’assortir d’une précision : « je n’ignore pas l’importance de ces métiers pour faire fonctionner les établissements sociaux et médico-sociaux ». Des salariés jugés essentiels, mais en même temps précarisés, donc.
Dans certaines structures, ces travailleurs ont réussi à obtenir satisfaction, après d’âpres luttes. « Il y a eu quelques accords signés par la CGT, mais parfois à durée déterminée. Mais comme quoi, c’est tout à fait possible de l’instaurer au niveau national », souligne Abder El Houari.
Vers une convention collective unique du médico-social
Au-delà de cette prime Ségur, les salariés du médico-social souhaitent également de meilleurs salaires. Si le point d’indice dans la fonction publique a été revalorisé de 3,5 % en juillet, la revalorisation proposée aux salariés du secteur privé non lucratif n’est que de 2,8 %. Une augmentation si faible que de nombreux salariés pourraient ne pas s’en apercevoir sur leur fiche de salaire.
En effet, dans de nombreux métiers du secteur, le salaire auquel a droit un salarié est situé en dessous du Smic pendant de nombreuses années. Ne pouvant pas être réellement payé en dessous du salaire minimum, il touche une indemnité différentielle en guise de compensation. Mais si désormais, son salaire atteint péniblement le niveau du Smic, alors il ne touchera plus cette indemnité différentielle… et gagnera donc toujours le même salaire. Selon Abder El Houari, entre 250 000 et 300 000 salariés pourraient être concernés sur les 800 000 que compte le secteur. « On nous a fait la promesse que cette indemnité différentielle ne va pas baisser. Mais bon, les promesses n’engagent que ceux qui y croient », maugrée l’élu CGT, méfiant.
Si le gouvernement se plaît ainsi à créer des divisions au sein des salaires du secteur, en en précarisant certains et en accordant des miettes à d’autres, c’est pourtant une démarche de fusion qui se joue en toile de fond : celles de plusieurs conventions collectives auxquelles sont actuellement rattachés les salariés du secteur en fonction de leurs métiers et du type d’établissement dans lequel ils travaillent. Pour le gouvernement et les employeurs, cette unification est un préalable à toute discussion salariale.
Sur le principe, la CGT ne s’y dit pas opposée. Encore faut-il se mettre d’accord sur le résultat de cette convention collective unique. « Il y a deux visions dans cette fusion. La CGT porte le projet d’une convention unique étendue de haut niveau. Les employeurs, eux, se tournent vers une convention unique… mais pas de haut niveau ». Cette fusion pourrait ainsi servir de prétexte à remodeler au rabais les droits des salariés. La CGT a donc posé comme préalable le versement de la prime Ségur à tous les salariés, avant de discuter d’un quelconque projet de fusion. Le dialogue est en conséquence au point mort.
Bientôt la grande désertion ?
Cette précarité grandissante fracasse les vocations. Au sein des établissements, la pénurie se fait de plus en plus sentir. « Les conditions de travail, depuis le covid, ne cesse de se dégrader. On a des salariés qui ne sont pas remplacés, de plus en plus de gens qui partent en reconversion vers d’autres métiers. Aujourd’hui, quand un salarié est absent, ce n’est plus possible de le remplacer au pied levé comme cela a pu se faire par le passé », explique Abder El Houari.
Des salariés « seuls » qui travaillent avec du « matériel obsolète » à qui « on demande de faire de plus en plus avec beaucoup moins », le tout pour un salaire dérisoire : le portrait du secteur que dresse l’élu CGT n’est pas des plus attirants pour ceux qui voudraient rejoindre la profession. Mais il peut aussi les motiver à se battre pour défendre leur futur métier. « Pas mal d’étudiants seront présents », nous prévenait Abder El Houari, à la veille de la manifestation.
Un autre rassemblement aura lieu le vendredi 2 décembre devant les locaux du Nexem – l’organisation patronale regroupant les employeurs du secteur associatif – en parallèle des négociations qui y auront lieu.
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