Rapports de force : un troisième anniversaire sans tambour ni trompette

 

La période que nous vivons n’est pas vraiment aux réjouissances. Évidemment, les événements que nous avions envisagés pour fêter nos trois ans d’existence ce printemps ont été abandonnés. Pour autant, pour marquer le coup, nous vous livrons quand même un petit état des lieux d’où en est Rapports de force.

 

Trois ans, c’est généralement le temps qu’il est admis de considérer comme nécessaire pour le lancement d’un nouveau titre, avant qu’il trouve son lectorat et son équilibre financier. Pour Rapports de force, nous estimons qu’il faut plutôt tabler sur cinq années. Contrairement à des titres comme Les Jours, qui a trouvé bon an mal an son équilibre, ou l’Ebdo et Explicite qui ont sombré, nous avons démarré sans capital de départ, sans investisseurs, ni même avec une rédaction constituée.

Pour autant, nous avons construit pas à pas notre journal et engrangé de plus en plus de lecteurs. À son lancement en avril 2017, le site ne comptait que quelques centaines de visites. Nous sommes passés de 21 000 à 77 000 lecteurs entre 2017 et 2018, puis à 360 000 en 2019. Portés par la mobilisation contre la réforme des retraites, nous avons enregistré plus de visites depuis le début de l’année que lors des 12 mois de 2019. Avec un cap passé : plus de 100 000 lecteurs par mois depuis le mois de janvier. Pour 2020, nous visons la barre du million de visiteurs uniques dans l’année, puis 2 millions en 2021.

 

Un déséquilibre très précaire

 

Si nous avons trouvé un début d’audience, nous n’avons toujours pas résolu la question financière. La campagne « 100 abonnées volontaires d’ici fin 2019 » a été un demi-succès ou un semi-échec selon que l’on considère le verre à moitié vide ou à moitié plein. Nous n’avons pas réussi à passer le cap des 60 contributeurs mensuel. Malgré un budget 2020 raboté à un minuscule 8000 € de dépenses, nous ne sommes pas certains d’atteindre l’équilibre en fin d’année. Et encore, nous ne rémunérons tout au plus que 20 % de notre travail.

Nous relancerons donc probablement de nouveaux appels aux dons au cours de l’année. En attendant, rien ne vous empêche de contribuer. Si les dons mensuels par virement ou sur HelloAsso sont encore la meilleure façon de nous soutenir, des versements uniques sont évidemment possibles. Il en va de l’avenir de Rapports de force, alors ne soyez pas timides !

 

Changement de cap ?

 

La crise sanitaire que nous vivons depuis bientôt deux mois nous a conduits à reconsidérer un certain nombre de choses. Jusqu’ici, nous nous placions dans une stratégie des petits pas : augmenter le nombre de lecteurs, fidéliser les visiteurs du site, augmenter le nombre de dons parallèlement, et enfin rémunérer petit à petit notre travail. Une fois cette étape atteinte : essayer d’élargir la rédaction, conscient qu’à deux journalistes il est difficile d’offrir à nos lecteurs le journal que nous aimerions leur livrer.

Mais comme notre bilan financier le laisse entrevoir, avant de parvenir à ce résultat, il nous faudrait encore des années. Du temps que les crises que nous vivons ne nous laissent pas. Il nous a semblé que la crise sanitaire mondiale et la crise économique qui est déjà là nécessitent plus que jamais des médias indépendants comme le nôtre. D’autant que le patronat et le gouvernement nous parlent déjà d’efforts, de remise en cause du temps de travail, des repos, etc. Les jours d’après seront probablement des jours de luttes pour que tout ne recommence pas comme avant ou en pire. Une réalité qui nous oblige à tenter de nous hisser à la hauteur des enjeux de la période qui s’ouvre.

Pour ces raisons, nous avons donc décidé de tenter une nouvelle aventure : l’ouverture à des contributions qui ne soient pas forcément celles de journalistes professionnels. La semaine dernière, nous avons lancé un appel à l’aide à celles et ceux qui nous lisent et nous sont proches, pour couvrir plus de sujets en épaississant notre ligne éditoriale. Une quinzaine de personnes ont déjà répondu à cet appel et nous les en remercions. Nous sommes donc en train de nous organiser et espérons bien être encore là dans deux ans, le temps que nous nous donnons pour trouver notre équilibre.