Agir malgré le Covid-19


 

Le Covid-19, un tueur de mobilisation ? Pas complètement. Pour ce sixième Récap Hebdo, nous commençons notre résumé des informations de la semaine par toute une série de manifestations et de grèves qui ont eu lieu depuis le week-end précédent.

 

Les mouvements sociaux bougent encore

 

Importante manifestation des marcheurs sans-papiers à Lyon

Environ 2000 personnes ont marché à Lyon le week-end dernier. Un rendez-vous réussi pour La Marche des solidarités qui rassemble des sans-papiers et leurs soutiens pour exiger régularisation, accès au logement et fermeture des centres de rétention administrative. La journée a également vu les collectifs de sans-papiers de Strasbourg, Lille, Rennes et Le Havre se mettre en route pour converger à Paris le 17 octobre (notre reportage vidéo).

 

Soignants

Une grève a touché lundi le service de réanimation du CHU de Rouen (Seine-Maritime) pour protester contre le manque de soignants face à la crainte d’une nouvelle flambée de Covid-19. « Le taux de grévistes atteint au moins 80 % dans le service de réanimation », a affirmé François His, délégué CGT au CHU. La semaine prochaine, une journée nationale de mobilisation et de grève est appelée le 15 octobre dans le secteur hospitalier par la CGT, SUD, le SNPI (infirmiers) ou encore les collectifs Inter-Urgences et Inter-Blocs. Les syndicats réclament l’embauche de personnel et l’ouverture de lits en dénonçant un Ségur de la santé qui n’a rien réglé. Un appel à la mobilisation qui déborde le secteur médical pour englober celui du médico-social dans toute sa diversité (hôpital, associatif ou privé), largement exclu des augmentations salariales du Ségur. Des appels qui selon les départements associent la CFDT, qui a fixé la date du 13 octobre pour entamer une mobilisation sur les salaires dans le secteur médico-social.

 

Grève massive des agents de la municipalité de Saint-Denis.

Depuis le vendredi 2 octobre : les salariés de la municipalité de Saint-Denis sont massivement en grève, soutenus par la CGT, SUD, la FSU Territoriale, l’UNSA, FO et la CFDT. Les cantines scolaires sont à l’arrêt et les centres de loisirs ont également été très perturbés. Les salariés s’opposent à la suppression de jours de congés et d’une baisse de leur prime voulue par la nouvelle municipalité socialiste. Jeudi 8 octobre, le conseil municipal a été envahi pendant une trentaine de minutes par des grévistes et des violences auraient été commises. Le maire a annoncé que la municipalité portera plainte.

 

Les salariés de Grandpuits en bas de la tour de Total

Une centaine de salariés, dont une majorité en provenance de la raffinerie de Grandpuits, ont manifesté au pied du siège de Total dans le quartier d’affaires de La Défense. L’entreprise prévoit l’arrêt du raffinage à Grandpuits et la reconversion du site dans les biocarburants, le plastique biodégradable et le photovoltaïque à l’horizon 2024. La CGT dénonce un greenwashing qui cache mal la volonté première de la direction : réduire les effectifs.

 

Marche pour l’emploi à Lyon mardi, défilé des Nokia à Paris mercredi

À l’occasion d’une nouvelle étape de la marche pour l’emploi et la dignité lancée par la CGT des Bouches-du-Rhône, plusieurs centaines de syndicalistes se sont donné rendez-vous, fumigènes à la main, devant le siège du Medef à Lyon mardi 6 octobre. La marche a pour projet de défiler dans les rues de Paris le 17 octobre où elle convergera avec celle des sans-papiers. Le mercredi 7 octobre, environ 200 salariés de Nokia ont manifesté à Paris pour protester contre un plan de suppression de 1233 postes dans les activités françaises du groupe finlandais.

 

Secteurs du nettoyage et de l’hôtellerie

De meilleurs salaires pour les salariés d’Onet chez Airbus. Ce 8 octobre, les grévistes se sont rassemblés devant le site Airbus de Colomiers (Toulouse) à l’appel de Sud-Nettoyage. Ces salariés de l’entreprise de sous-traitance dans le nettoyage Onet en poste chez Airbus demandent une augmentation du taux horaire, une prime Covid de 150€ et une prime produits dangereux de 50€. De leur côté, la CGT-HPE et la CNT-SO ont appelé à manifester vendredi contre les licenciements dans l’hôtellerie devant l’hôtel Hyatt Régency Etoile Paris, où la direction prévoit 191 suppressions d’emploi. Soit 40% des effectifs.

 

Appel historique à la grève chez BNP Paribas

L’intersyndicale de BNP Paribas réunissant les élus CFDT, FO, CGT, CFTC et SNB/CFE-CGC a appelé les salariés du groupe à faire grève le 13 octobre prochain. « Un fait rare dans ce genre de groupe », note le magazine économique Challenge. Motif de cette mobilisation : la volonté de la direction d’ouvrir les agences bancaires en fonction de l’affluence, obligeant certaines d’entre elles à fermer plus tard. Chez BNP Paribas, la dernière grève remonte à 2018, mais cela faisait près de vingt ans que le groupe n’avait pas connu un mouvement social d’une telle ampleur.

 

Manifestation anti-Mulliez dans le Nord

A Croix (Nord) des centaines de salariés venus de toute la France à l’appel de la CGT ont dénoncé jeudi les plans sociaux en cours dans le groupe Mulliez (Auchan). Ce dernier a annoncé fin septembre que plus de 1 000 postes allaient être supprimés.

 

Inégalités

 

Président des riches

C’est officiel, les réformes fiscales engagées par Emmanuel Macron au début de son mandat ont favorisé les plus riches. Jeudi 8 octobre, le comité d’évaluation des réformes de la fiscalité a rendu son rapport. Celui-ci conclut que la transformation de l’ISF en impôt sur la fortune immobilière et surtout la création d’une taxation unique du capital à 30 % a augmenté d’un quart la fortune des 0,1 % des Français les plus riches. Ceux-ci (38000 personnes) ont capté l’essentiel des dividendes versés par les entreprises. Par contre le comité d’évaluation met à l’actif de ces transformations le retour d’exilés fiscaux et un moindre départ des plus riches. La fin d’un séparatisme fiscal ?

 

Milliardaires en plein boom

La crise n’est pas pour tout le monde. Selon une étude de la banque UBS et du cabinet d’audit PWC, la fortune des milliardaires a battu un nouveau record, malgré la crise économique liée au coronavirus. Celle-ci atteint aujourd’hui 10200 milliards de dollars contre 8900 en 2017, date du dernier record. Si le dévissage des bourses dans le monde leur a fait perdre 6,6 % de leur fortune, le rebond spéculatif leur a fait gagner 27,5 % entre avril et fin juillet. De l’autre côté de l’échelle des revenus, la Banque mondiale annonçait la même semaine que 150 millions de personnes allaient basculer dans l’extrême pauvreté (moins de 1,9 dollar par jour) d’ici la fin 2021.

 

Un taux de chômage bientôt à 10 % ?

L’Insee ne l’exclut pas d’ici la fin de l’année. Selon sa dernière note mensuelle de conjoncture publiée mardi, le taux de chômage devrait passer de 7,1 à 9 % entre le second et le troisième trimestre 2020. Puis grimper à 9,7 % au dernier trimestre. En 2020, l’institut table sur la destruction de 840 000 emplois, dont 730 000 emplois salariés.

 

Grande précarité et Covid-19

Selon une étude publiée mardi 6 octobre par Médecins sans frontières, 55 % des personnes en grande précarité en Île-de-France ont été infectées par le coronavirus. L’ONG a effectué des tests entre le 23 juin et le 2 juillet dans des centres d’hébergement, des foyers de travailleurs et des lieux de distribution alimentaire. Avec des résultats inégaux : un taux de positivité à 50,5% dans les centres d’hébergement, à 27,8% sur les sites de distribution alimentaire, et à 88,7% dans deux foyers de travailleurs immigrés testés.

 

Sécu : l’assurance maladie dans le viseur

Avant une réforme impopulaire, rien ne vaut un rapport alarmant de la Cour des comptes. Mercredi 7 octobre, les magistrats financiers ont invité l’assurance maladie à engager des réformes de structures (comprendre : des mesures d’économie) en imaginant que les patients puissent mettre un peu plus la main à la poche. Avec l’effondrement des cotisations sociales (notre article) et les dépenses liées à la pandémie, le déficit de la sécurité sociale atteindra 44,4 milliards pour l’année 2020.

 

Environnement

 

Néonicotinoïdes

L’assemblée nationale a voté mardi 7 octobre en première lecture le projet de loi relatif à la réintroduction des néonicotinoïdes pour les plantations de betteravesjusqu’en juillet 2023. Cet insecticide tueur d’abeilles avait été interdit en 2016 par la loi sur la biodiversité. Les députés ont voté le texte par 313 voix pour, 158 contre et 56 abstentions. Après un passage au Sénat, le vote définitif du projet de loi devrait intervenir dans les derniers jours d’octobre.

 

Événements climatiques extrêmes

« Ces phénomènes vont voir leur intensité augmenter à chaque degré de réchauffement climatique », indique Véronique Ducrocq, chercheuse à Météo France. Les intempéries qui ont frappé les vallées de la Vésubie, de la Tinée et de la Roya ont fait 5 morts et 22 disparus selon le dernier bilan fourni par les secours. Il est tombé 500 mm d’eau en 24h, soit deux fois et demi plus que lors d’un seul d’un « fort épisode méditerranéen », dans les vallées de l’arrière pays niçois lors de la tempête Alex, qui a débuté l’après-midi du vendredi 2 octobre.

 

Super-pollueur

« Deuxième source de croissance des émissions de CO2 françaises ces dix dernières années derrière le secteur aérien », indique un rapport de WWF paru en début de semaine. L’ONG s’inquiète de la progression des ventes de SUV qui représenteraient selon elle 38 % des achats de voitures neuves en 2019. WWF demande à l’État d’intervenir en changeant par exemple la fiscalité automobile ou en interdisant la publicité pour les SUV. Une option totalement rejetée mardi 6 octobre par Bruno Le Maire. Le ministre de l’Économie préférant l’information sur les niveaux de pollution en comptant sur l’intelligence des Français, plutôt que l’interdiction qui pousserait les mêmes Français intelligents à faire le contraire.

 

Extrême droite

 

Correctionnelle pour le commando de la fac de droit de Montpellier

La juge d’instruction chargée de l’affaire a décidé de renvoyer en correctionnelle sept membres identifiés du commando qui avait attaqué des étudiants grévistes en mars 2018, dans un amphithéâtre occupé de la faculté de droit de Montpellier. Outre Philippe Pétel, le doyen de l’université, et Jean-Luc Coronel de Boissezon, un enseignant révoqué qui a depuis trouvé refuge dans l’institut privé de Marion Maréchal Le Pen à Lyon, cinq autres personnes seront jugées prochainement, parmi lesquelles Martial Roudier, le fils du leader de la Ligue du Midi.

 

Aube dorée : une organisation criminelle

Après cinq années d’un procès-fleuve, le tribunal d’Athènes a considéré que le parti néonazi entré au Parlement grec en 2012 était une organisation criminelle. Une décision qui a été accueillie avec joie par plus de 15000 personnes réunies devant le tribunal, avant qu’elles ne soient dispersées par les forces de l’ordre accusées de collusion avec la formation d’extrême droite (notre article).

 

Ménard revient sur l’expulsion des syndicats

Le « Grand remplacement » n’aura pas lieu à Béziers. La police municipale ne remplacera pas les syndicats de salariés dans la vieille Bourse du travail située en centre-ville. En tout cas, pas cette fois-ci. Par un courrier, le maire a annulé cette semaine le préavis de départ qu’il leur avait fixé au 1er février 2021. Lire notre article.

 

Et aussi…

 

IVG : allongement du délai légal

L’Assemblée nationale a voté, en première lecture par 86 voix pour et 59 contre, un projet de loi visant entre autresà passer le délai légal pour avorter à 14 semaines de grossesse, contre 12 aujourd’hui. Un allongement de délaipour palier aux difficultés d’accès à l’IVG. Porté par le groupe Écologie, démocratie, solidarité (des dissidents de LREM), le texte a reçu le soutien de la gauche et de la majorité des députés En Marche. Et ce, malgré les réticencesdu gouvernement et du chef de l’État,ainsi queles tentatives de tirs de barrage de la droite et de l’extrême droite. Le texte pourrait être profondément modifié ou même rejeté au Sénat où la droite est majoritaire.

 

Le Covid-19 et les restrictions progressent encore

C’est au tour de Lyon, Lille, Grenoble et Saint-Étienne de passer en zone d’alerte maximale ce week-end. Les restrictions associées sont elles annoncées localement par les préfets, après le point hebdomadaire d’Olivier Véran jeudi soir. Les villes de Toulouse et Montpellier sont également sous le couperet d’un changement de niveau d’alerte. Jeudi, le taux de positivité des tests atteignait 9,8 % sur l’ensemble du territoire, et le nombre de cas détectés en 24H dépassait les 18000. Les services de réanimation, occupés par 40 % de malades du Covid à Paris, comptent 1400 patients. Rare bonne nouvelle, les courbes d’hospitalisation et d’entrée en réanimation semblent s’écraser à Marseille.

 

Kanaky : presque un oui à l’indépendance

Grosse surprise, dimanche 4 octobre. Le second référendum portant sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie – les accords de Nouméa et Matignon prévoyant la possibilité de mettre en œuvre trois scrutins avant 2022 – n’a donné qu’une courte avance aux partisans du non. Avec 53,26 % des voix, il l’emporte cependant. Mais en reculant de 3,5 points par rapport au précédent vote, alors que la participation augmentait elle de 5 points. Le FLNKS a déjà fait connaître sa volonté de voir une troisième consultation sur la pleine souveraineté et l’indépendance.

 

Affaire Théo

Le parquet de Bobigny renvoie ce mercredi 7 octobre trois des policiers de l’affaire Théo devant les assises. Si la qualification de viol aggravé n’a pas été retenue, celle de « violences volontaires avec arme par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné une mutilation ou une incapacité permanente partielle » est tout même attachée aux poursuites contre le principal policier mis en cause. Le lendemain, on apprenait par l’AFP qu’une enquête était ouverte par le parquet de Paris depuis le 2 octobre pour « violences et viol par personne dépositaire de l’autorité publique », après qu’un militant marseillais d’Extinction Rébellion a accusé un policier de lui avoir introduit une matraque dans l’anus.

 

Occupations lycéennes en Grèce

Troisième semaine de mobilisation pour la jeunesse grecque. Depuis la mi-septembre, les occupations de lycées se multiplient pour dénoncer un manque de moyens dans l’Éducation face à la recrudescence de l’épidémie de Covid-19, après la saison touristique (notre article).