L’actualité de la semaine résumée dans le Récap Hebdo, votre rendez-vous du samedi matin sur Rapports de force. Cette semaine est largement dominée par l’évolution de l’épidémie de coronavirus et les restrictions édictées par le gouvernement. Mais pas seulement.
Restrictions Covid-19
Nouvelle carte
Encore une nouvelle carte pour présenter la circulation du coronavirus. Mercredi 23 septembre, Olivier Véran a dévoilé de nouvelles catégories recensées sur une carte des départements. Les Bouches-du-Rhône et la Guadeloupe y sont classés en « zone d’alerte maximale » de couleur rouge écarlate, dernier stade avant l’état d’urgence sanitaire. Suivent 11 métropoles classées en « alerte renforcée » en rouge où le taux d’incidence dépasse les 150 cas pour 100 000 habitants : Paris, Lille, Toulouse, Saint-Etienne, Rennes, Rouen, Grenoble, Montpellier, Bordeaux, Lyon et Nice. Puis les départements en « zone alerte », soit une cinquantaine de départements supplémentaires.
Restrictions en cascade
Dans son point hebdomadaire sur l’évolution de la situation sanitaire mercredi 23 septembre, Olivier Véran, le ministre de la Santé, a annoncé de nouvelles restrictions. Dans les zones en alerte maximale (Marseille, Aix-en-Provence, Guadeloupe), les bars et restaurants seront fermés pour une durée de 15 jours à compter de ce week-end. Une décision contestée par les élus de la région et par les professionnels du secteur qui ont organisé un rassemblement ayant réuni quelques centaines de restaurateurs devant le tribunal de commerce de Marseille vendredi 25 septembre. Olivier Véran y était attendu dans l’après-midi.
Dans les métropoles en alerte renforcée, la jauge des rassemblements descend à 1000 et les grands événements sont interdits. La fermeture des gymnases, des salles des fêtes et celle des bars à 22h fait aussi partie des nouvelles mesures. Tout comme la limitation des rassemblements à 10 personnes dans l’espace public.
Éducation
Depuis mardi 22 septembre, le nouveau protocole sanitaire allégé est en vigueur dans les établissements scolaires du premier degré. Celui-ci n’impose plus la fermeture d’une classe lorsqu’un enfant est testé positif au coronavirus et les autres enfants, comme les enseignants, ne sont plus considérés comme des cas contacts. Il faudra dorénavant trois élèves issus de familles différentes positifs à la Covid-19 pour que l’ARS puisse décider de la fermeture d’une classe. Aucune nouvelle annonce ne concerne les établissements scolaires des zones classées en alerte renforcée ou maximale, ni pour les cantines ni pour le sport. Pourtant, les problèmes s’accumulent, notamment pour la désinfection des locaux (notre article).
États-Unis
Le pays a passé le cap des 200 000 morts de la Covid-19 mardi 22 septembre. Au cours des sept derniers jours, 5300 personnes en sont mortes, et le nombre de cas cumulés depuis le début de l’épidémie atteint le chiffre de 6,9 millions. Aucune mesure de restriction n’est envisagée par l’administration Trump à six semaines des élections présidentielles.
Climat, environnement
Week-end de luttes écologiques
Le mouvement des jeunes en grève pour le climat Youth for Climate France a organisé deux journées d’actions cette semaine. Le 25 septembre, les jeunes ont été appelés à rejoindre des actions proposées par différents groupes locaux. Le 26 septembre, il est prévu de mener « diverses actions contre les grands projets inutiles ». À Paris, cela pourrait prendre la forme d’une occupation de place. Ce même jour, le « Collectif unitaire Lubrizol » organise une manifestation à Rouen pour les un an de la catastrophe industrielle et écologique.
Les riches polluent beaucoup, beaucoup plus que les pauvres
Sur la période 1990-2015, les 1% les plus riches de la population – environ 63 millions de personnes – sont responsables de 15 % des émissions cumulées de CO2, soit deux fois plus que la moitié la plus pauvre de la population mondiale, avance une étude menée par Oxfam.
Coups durs
Bridgestone
Deux réunions pour rien ? Lundi, Élisabeth Borne et Agnès Pannier-Runacher ont rencontré à Béthune direction, élu et syndicats de Bridgestone pour trouver des alternatives à la fermeture de l’usine. Au même moment, l’entreprise de pneumatique indiquait par communiqué que la cessassion d’activité était la seule option (notre article). Jeudi soir, Jean Castex a réaffirmé l’intention de l’État de remettre de l’argent public pour convaincre Bridgestone d’investir sur le site. La société aurait déjà bénéficié de 4,2 millions d’argent public, dont 1,8 million au titre du CICE. Et le Premier ministre de préciser que des solutions individuelles seront trouvées en cas de fermeture du site. Pas très encourageant.
Airbus : 5000 suppressions de postes et maintenant un APC en prime
En plus de supprimer 5000 postes en France, Airbus remet en cause les conquis sociaux des salariés. L’entreprise a exposé lundi 21 un projet d’APC (accord de performance collective) qui prévoit, selon les syndicats, le gel de la politique salariale jusqu’à juin 2022, la révision du dispositif du compte épargne-temps ou encore la révision d’indemnités retraite. FO, syndicat majoritaire, y est opposé.
Loi de programmation pluriannuelle de la recherche
Repoussé pour cause de Covid et d’embouteillage parlementaire, le projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) a été examiné en première lecture à l’Assemblée nationale lundi 21 septembre. Environ 500 personnes se sont rassemblées devant l’Assemblée pour dénoncer un texte qui aggrave une précarité déjà galopante dans les universités et le monde de la recherche. Les députés ont voté le projet de loi dans la nuit de mercredi à jeudi. Le texte sera présenté au Sénat à la fin du mois d’octobre.
Raffinerie de Grandpuits
Le groupe total a annoncé jeudi 24 septembre au cours d’un CSE extraordinaire sa volonté de cesser l’activité de raffinage sur son site de Seine-et-Marne. Il souhaite y développer à la place la production de « biocarburants » et y installer une usine de recyclage de plastiques. Seuls 250 des 400 emplois seraient conservés.
Altran veut baisser ses salaires
Un accord de performance collective (APC) a été annoncé ce 18 septembre aux salariés d’Altran. Il devrait concerner près de 2000 salariés sur le site de Blagnac (Toulouse), spécialisé en ingénierie aéronautique, et baisser leurs salaires d’environ 12 % d’après les syndicats (notre article). Face à ces nombreuses attaques, un certain nombre de syndicats de l’aéronautique signait le 17 septembre à Toulouse une déclaration commune pour combattre les suppressions d’emplois et lutter contre les baisses de salaire.
Latécoère veut supprimer près d’un tiers de ses effectifs
Nouveau coup de massue pour l’industrie aéronautique. Les salariés de Latécoère, entreprise toulousaine historique pionnière de l’aviation, ont appris vendredi 25 septembre la suppression de 475 postes sur les 1504 que compte le groupe en France.
Grèves
Laboratoires d’analyse médicale en surchauffe
Depuis la mi-septembre, les conflits se multiplient dans les laboratoires de biologie médicale. Cette semaine a été marquée par la grève reconductible dans les 20 laboratoires Biofusion à Montauban et sa région. Après huit jours d’arrêt du travail, les salariés ont obtenu une augmentation de salaire de 3 % sur les 10 % réclamés et l’attribution d’une prime de 1500 €. Lire notre article.
Offre de rachat de Suez
L’intersyndicale (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-GCC) de l’entreprise appelait à deux heures de grève mardi 22 septembre contre l’offre de rachat par Véolia des parts d’Engie dans Suez. Celle-ci risque d’entraîner 10 000 suppressions d’emploi dans le monde et 4000 en France selon la direction de Suez, hostile à l’offre d’achat, mais qui doit trouver des investisseurs alternatifs avant le 30 septembre. Le groupe compte 90 000 salariés, dont 30 000 en France.
Des salariés de Biocoop toujours en lutte
Depuis le 9 juillet, les salariés des deux magasins Biocoop-Le retour à la terre à Paris (5e) se mobilisent pour de meilleures conditions de travail. La lutte dure depuis bientôt 3 mois.
International
Biélorussie
Alexandre Loukachenko a été réinvesti dans ses fonctions de président pour un sixième mandat au cours d’une cérémonie tenue « secrètement » mercredi 23 septembre. Des milliers de Biélorusses sont descendus dans les rues de la capitale dans la soirée pour protester contre une « investiture illégitime ». Comme depuis le début des manifestations le 9 août, ils ont dû faire face à la répression des forces de police qui ont fait usage de canons à eau et procédé à de nombreuses arrestations. L’Union européenne comme les États-Unis n’ont pas reconnu le pouvoir de Loukachenko.
Confinement des pauvres à Madrid
Depuis lundi 21 septembre, 850 000 habitants de 37 quartiers populaires du sud de Madrid ont interdiction de quitter leur quartier, sauf pour aller travailler, étudier ou se rendre chez un médecin. Une décision prise pour deux semaines par les autorités régionales gouvernées par le PP (droite) et l’extrême droite qui invoque « un style de vie » responsable de la propagation de l’épidémie. La police a installé des points de contrôle et l’armée a été appelée en renfort. Des décisions qui ont provoqué plusieurs manifestations depuis dimanche dernier, certaines dispersées par la police comme ce jeudi 24 septembre. Une prochaine manifestation est prévue dimanche. Le taux d’incidence du Covid-19 atteint 1000 cas pour cent mille personnes dans certains quartiers de la capitale et 95 % des lits de réanimation sont occupés par des malades du coronavirus.
Les USA au bord de la guerre civile ?
Les spéculations sur les intentions de Donald Trump ne sont pas près de s’éteindre. Mercredi 23 septembre, il a encore laissé planer le doute sur le fait d’accepter le résultat des élections présidentielles le 3 novembre en cas de défaite. À la question d’un journaliste pour savoir s’il était prêt à s’engager à une passation de pouvoir pacifique s’il venait à perdre l’élection, Donald Trump a tout simplement décliné l’invitation à s’y engager. « Nous allons devoir voir ce qui va se passer », a-t-il répondu. Rarement la société américaine a été aussi clivée et une élection si tendue.
Et aussi
Télétravail
Le patronat a accepté l’ouverture d’une négociation portant sur un accord national interprofessionnel (ANI) sur la question du télétravail. Il y était hostile jusque-là. Mardi 22 septembre, il a consenti à se joindre à deux réunions les 3 et 23 novembre en vue de trouver un accord. Pour autant, le Medef, comme la CPME, ont déjà prévenu qu’ils ne voulaient pas d’un accord normatif ou prescriptif. Ce n’est pas gagné !
Congé paternité
Suffisamment rare dans le quinquennat d’Emmanuel Macron pour être notée, c’est une mesure qui ouvre plus de droits. À partir du mois de juillet 2021, le congé paternité sera doublé, passant de 14 à 28 jours, avec l’obligation de prendre au moins 7 jours. Le patronat ne trouve pas grand-chose à redire au-delà de quelques déclarations de forme autour des « difficultés d’organisations » que pourraient rencontrer les petites entreprises. Mais il est vrai que le coût de la mesure – 500 millions d’euros pas an – sera pris en charge par la Sécurité sociale.
Couverture des manifestations par la presse
Une quarantaine de sociétés de journalistes ont publié une lettre dans les colonnes du journal Le Monde pour dénoncer des atteintes « à la liberté d’informer » après la publication du nouveau schéma national de maintien de l’ordre (SNMO) publié le 17 septembre. Parmi elles : la mise en place d’un canal d’échange avec les journalistes pendant les manifestations avec un officier référent. Mais aussi, le droit de porter des équipements de sécurité limité aux détenteurs d’une carte de presse, de plus en plus rare dans la profession, et l’obligation de se disperser lorsque la police en intime l’ordre. Au-delà de ces éléments, le SNMO confirme les évolutions agressives du maintien de l’ordre en France. Hasard du calendrier, quelques jours plus tard, l’IGPN concluait que la charge ayant blessé la septuagénaire Geneviève Legay à Nice en mars 2019 était disproportionnée. Les images de la militante d’Attac gisant au sol avaient choqué l’opinion publique.
Faisons face ensemble !
Si les 5000 personnes qui nous lisent chaque semaine (400 000/an) faisaient un don ne serait-ce que de 1€, 2€ ou 3€/mois (0,34€, 0,68€ ou 1,02€ après déduction d’impôts), la rédaction de Rapports de force pourrait compter 4 journalistes à temps complets (au lieu de trois à tiers temps) pour fabriquer le journal. Et ainsi faire beaucoup plus et bien mieux.