La réforme de l’assurance chômage reportée mais pas annulée


 

La crise sanitaire et l’augmentation à venir du nombre de chômeurs poussent le gouvernement à retarder une réforme de l’assurance chômage que tous les syndicats dénoncent. Mais pas à y renoncer.

 

Jean Castex a reçu ce matin les principales organisations syndicales pour une deuxième « conférence du dialogue social ». La première avait eu lieu le 17 juillet et avait établi un agenda social constitué de pas moins de dix-sept thèmes de discussions. Parmi eux le suivi du plan jeune, les reconversions professionnelles ou les métiers en tension… mais aussi les épineux dossiers de l’assurance chômage et des retraites.

Car malgré la crise sanitaire et économique le gouvernement n’y a toujours pas renoncé. A propos des retraites, Bruno Le Maire était revenu à la charge à la rentrée, brandissant la réforme comme une moyen de régler la question de la dette.

Pour ce qui est de l’assurance chômage, le premier volet de la réforme était rentré en œuvre dès le 1er novembre 2019. L’État a ainsi imposé un durcissement des règles pour ouvrir ou recharger des droits. En revanche le second volet, qui devait être appliqué au 1er avril 2020 et prévoyait de baisser le montant des allocations en changeant le mode de calcul des indemnités journalières, avait été repoussé au 1er janvier 2021 sous l’effet du coronavirus et du confinement. A cette occasion, et pour les mêmes raisons, l’essentiel des mesures du premier volet avait été suspendues elles aussi.

Si aucune annonce concernant la réforme des retraites n’a été faite aujourd’hui, le gouvernement a en revanche annoncé que la mise en place intégrale de la réforme de l’assurance chômage serait reportée au 1er avril 2021. A l’heure où le nombre de cas de Covid-19 explose en France le gouvernement est ainsi contraint de repousser une réforme qu’aucun des syndicats présents à la table ne souhaite.

« Petit à petit nous faisons la démonstration que la réforme n’est pas adaptée », a déclaré Laurent Berger de la CFDT, au sortir de la réunion.

 

Un courrier resté lettre morte

 

Davantage une chambre d’enregistrement qu’un véritable lieu de négociation, selon les secrétaires généraux de FO, la CGT ou encore de la CFE-CGC, la conférence de dialogue social n’a pas été l’occasion de répondre aux demandes des syndicats, exprimés le 14 octobre dans une lettre.

 

Sujets sociaux : cinq syndicats réclament des réponses à Jean Castex

 

Cinq syndicats (CGT, CFDT, FO, CFE-CGC, CFTC), peu habitués à signer des textes communs y demandaient : « une réunion rapide sur l’évaluation des conséquences des ordonnances travail afin de rétablir les droits de représentation collective des salariés à la hauteur des enjeux actuels » et y affirmaient également que « quelles que soient nos analyses et positions sur le fond, le gouvernement devrait annoncer que l’heure n’est pas de remettre à l’ordre du jour le sujet des retraites ». Une demande dont la satisfaction ne semble pas à l’agenda de Jean Castex pour l’heure.