L’actu de la semaine, le séparatisme en moins

 

Vous n’en pouvez plus des débats Darmanin-Le Pen, de l’agitation autour des sorties à la piscine et plus généralement du climat nauséabond suscité par les discussions autour de loi séparatisme ? Vous préférez savoir où en sont les luttes sociales, évoquer la question des violences sexuelles et sexistes ou encore vous mettre à jour sur le projet de loi climat ? Vous êtes au bon endroit : lisez notre Récap hebdo.

 

Grèves et manifestations

 

Grandpuits suspend la grève

 

Mardi, une centaine de raffineurs, soutenus par des syndicalistes dont Philippe Martinez de la CGT, des militants écologistes, insoumis ou anticapitalistes, se sont rendus devant le siège de Total à La Défense. Ils y ont dénoncé les suppressions d’emplois qui accompagneront le projet de transformation du site. Projet qu’ils qualifient de greenwashing. Pourtant, la fin des négociations sur les mesures sociales d’accompagnement (MSA) du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) a lourdement pesé sur les choix des grévistes jeudi lors de leur assemblée générale. À la sixième semaine de conflit, ils ont décidé à une courte majorité de ne pas reconduire la grève et d’accepter les mesures d’accompagnement. Une nouvelle assemblée générale aura lieu lundi 15 février.

 

Territoriaux : la bataille des 1607 heures

 

Trois rassemblements d’agents territoriaux de la région parisienne mercredi dernier. L’un à Bobigny, les deux autres à Fontenay et Ivry (94) pour dénoncer l’augmentation de leur temps de travail, conséquence de la loi de Transformation de la fonction publique appliquée à l’échelle locale. Celle-ci prévoit la fin des régimes dérogatoires liés à des spécificités du service public (travail de nuit, le dimanche, en horaires décalés, travaux pénibles ou dangereux, etc.). Et ainsi, l’alignement de leur temps de travail à 1607 heures par an. Un sujet qui monte dans chaque municipalité à l’approche de la date butoir pour trouver un accord avec les représentants des salariés. Parallèlement, les municipalités de Marseille et Montpellier, toutes deux disposant d’un exécutif socialiste et écologiste, ont retranscrit une autre disposition de la loi : des restrictions du droit de grève (lire notre article).

 

Salariés d’EDF toujours en grève contre Hercule

 

Cinquième journée de grève à l’appel de l’intersyndicale CGT, CFE-CGC, CFDT, FO d’EDF contre le projet Hercule (voir notre article). La mobilisation est toujours forte chez les salariés puisque ils étaient près de 1/4 en grève selon la direction.

 

Grève de la faim dans un collège de Givors 

 

Ils ont fait 17 jours de grève de la faim pour obtenir que leur collège soit classé Rep+ et ça n’a pas suffit… Deux enseignants de Givors (Rhône) viennent de mettre un terme à leur action ce jeudi 11 février. Le rectorat a toutefois ouvert un demi-poste de CPE et de psychologue scolaire, ou encore affecté un AED supplémentaire.

 

Grève chez système U dans le Vaucluse 

 

La grande distribution augmente ses profits mais ils ne profitent pas à ses salariés. À Entraigues (Vaucluse) un quart des 430 salariés de la plateforme Système U se sont mis en grève reconductible en ce début de semaine. Ils réclament des augmentations de salaire. Leur grève rappelle celle de la plateforme logistique de la Stef à Montauban qui a duré plus d’un mois, paralysant les magasins Intermarché locaux.

 

Grève reconduite jusqu’au 16 chez Sanofi Sisteron

 

Alors que Sanofi a annoncé la suppression de 1700 postes en Europe dont 364 dans la recherche, la grève commencée le 1er février à l’usine de fabrication Sanofi Sisteron a été reconduite jusqu’au 16. Ils demandent l’ouverture de 30 postes ainsi que des augmentations de salaire. L’usine est à l’arrêt.

 

AESH toujours en mouvement

 

Les accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) se sont mobilisés jeudi dans de nombreuses villes de France. Elles et ils entendaient protester – une fois encore – contre le manque de reconnaissance de leur travail, la précarité de leur emploi et le mépris qui entoure ces personnels dénués d’un réel statut. Leur mouvement était soutenu par un large spectre syndical (FSU, UNSA, FO, CFDT, CGT, SNALC, SUD).

 

Grève illimitée chez le n° 1 mondial de la prothèse d’épaule.

 

Banal comme un PSE dans une entreprise qui va bien. À Monbonnot, dans l’Isère, une centaine de salariés ont démarré une grève illimitée le vendredi 5 février à l’appel de la CGT et de la CFDT. Ici, l’entreprise Tornier, rachetée en novembre dernier par l’américain Stryker, prévoit de supprimer 150 emplois sur 450. Pour la première grève dans l’entreprise, les salariés et leurs soutiens se sont rassemblés mardi devant leur site pour réclamer des informations que la société ne donne qu’au compte goutte et pour obtenir des primes supra légales dignes de ce nom.

 

Grèves à Adapei

 

La remise en cause de congés annuels d’une partie du personnel agite l’Association départementale de parents et d’amis des personnes handicapées mentales (Adapei). Au Mans, depuis le mois de janvier, les salariés observent deux journées de grève par semaine. Dans le Puy-de-Dôme, une grève a commencé le 11 janvier. Sans prendre fin, elle a baissé d’intensité avec le démarrage d’une médiation sous l’égide du préfet entre le 25 janvier et le 5 février. Un nouveau rassemblement des salariés a tout de même eu lieu ce vendredi.

 

Madama : un préfet droit dans son OQTF

 

Malgré un rassemblement et une audience en préfecture mardi débouchant sur l’assurance d’un « réexamen » de la situation de Madama (lire notre article), la préfecture de Haute-Loire a donné une fin de non-recevoir à la demande de délivrance d’un titre de séjour pour Madama. Éric, l’enseignant chez qui Madama vit depuis deux ans, est maintenant en grève de la faim depuis 14 jours.

 

Conséquences économiques du Covid

 

Réforme des retraites et Commission Européenne

 

Le gouvernement français lorgne sur les 39 milliards d’euros (subventions + prêts) du plan de relance européen proposés par la Commission Européenne. Mais pour les obtenir il faut donner des gages. Lesquels ? C’est justement ce que devait préciser le règlement encadrant le plan de relance adopté ce mardi par la commission. Ils tiennent en deux gros mots : maîtrise du déficit budgétaire et réformes structurelles. Parmi ces dernières, on pense évidemment à la réforme des retraites, qui faisait déjà partie des préconisations de la Commission Européenne (en savoir plus).

 

Télétravail : le téléphone pleure

 

« Impératif » pour Jean Castex, le télétravail afin d’éviter un confinement « doit être la règle pour l’ensemble des activités qui le permettent », rappelait en fin de semaine dernière Élisabeth Borne, la ministre du Travail. Mais le ministère le concède sur son site : « si le télétravail est globalement bien accepté, il peut engendrer des troubles psychosociaux ». Qu’à cela ne tienne ! Le gouvernement attrape le problème à bras le corps. Il a mis en place un numéro vert cette semaine. Les salariés en télétravail pourraient en avoir sacrément besoin, l’état urgence sanitaire ayant été prolongé jusqu’au mois de juin par l’Assemblée nationale, alors que la situation épidémiologique ne s’améliore pas, faute de vaccins en nombre suffisant.

 

Rends l’argent !

 

« Inenvisageable. Une dette, ça se rembourse ! », a tranché Christine Lagarde dimanche dernier sur le plateau de BFMTV. Une prise de position de la présidente de la Banque centrale européenne, ex-patronne du FMI, ex-ministre de l’Économie de Sarkozy, ex-jugée coupable de négligence dans le dossier Adidas, en réponse à une tribune d’une centaine d’économistes demandant d’effacer 2500 milliards d’euros de dettes publiques détenues par la BCE. Un sujet qui ne devrait que monter d’ici la prochaine présidentielle. Ou juste après.

 

Rends l’argent bis

 

Le journal Le Monde a-t-il voulu aider Christine Lagarde à trouver les 2500 milliards proposés à l’effacement par une centaine d’économistes ? En tout cas, le quotidien du soir a sorti cette semaine une enquête-fleuve sur l’optimisation et l’évasion fiscale dans le Grand-Duché du Luxembourg. Nommée OpenLux, cette investigation met en lumière des dizaines de milliers de holdings financières et sociétés offshore détenant quelques 6500 milliards d’euros d’actifs.

 

Gueule de bois pour Heineken

 

Le fermeture des bars bouscule la bonne santé économique de la marque de bière Heineken qui annonce supprimer 8000 emplois dans le monde sur 85000 après une perte de 17% de son chiffre d’affaires.

 

Total en panne d’essence

 

Total affiche 7,2 milliards de pertes en 2020 contre 11,2 milliards de bénéfices en 2019.

 

Ecologie

 

Une loi climat à minima

 

Le « sans filtre » promis par Emmanuel Macron pour la retranscription dans la loi des propositions issues de la convention citoyenne pour le climat est presque devenu un masque FFP2. Selon une comparaison effectuée par le journal Le Monde, seules 18 des 150 propositions ont été reprises intégralement dans le projet de loi « climat et résilience » qui compte 65 articles. Pour le reste, il s’agit plutôt d’un détricotage en règle, malgré l’objectif maintenu de réduire de 40 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Un projet de loi considéré au rabais par Greenpeace.

 

Abandon du terminal 4 de l’aéroport de Roissy

 

Le projet d’agrandissement d’Aéroport de Paris (ADP) a-t-il du plomb dans l’aile ? C’est ce qu’a annoncé Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique, jeudi 11 février au lendemain de la présentation du projet de loi « climat et résilience ». Mais en demandant à ADP de présenter un nouveau projet « plus cohérent avec ses objectifs de lutte contre le réchauffement climatique et de protection de l’environnement ». Satisfaction très prudente de la part des associations écologiques opposées au projet d’extension du terminal 4 de Roissy–Charles-de-Gaulle. Celles-ci s’inquiètent de la teneur du nouveau projet et sont loin d’être rassurées par les « garanties » apportées par le projet de loi climat.

 

Violences sexuelles et sexistes

 

Guillaume T.

 

Guillaume T., étudiant et militant âgé de 20 ans à l’origine du #metoogay, a été retrouvé mort ce mardi 9 février dans sa chambre étudiante de Nanterre. Quelques semaines auparavant, il avait accusé l’élu PCF parisien Maxime Cochard et son compagnon Victor Laby de l’avoir violé. Un rassemblement en son hommage a été organisé devant le siège parisien du PCF mercredi.

 

#Sciencesporcs

 

De nombreux témoignages ont abondé sur les réseaux sociaux pour dénoncer les violences sexuelles et sexistes dans les différents « Sciences Po » de France cette semaine. À sciences Po Toulouse, une enquête préliminaire du parquet a été ouverte après la plainte pour viol d’une étudiante.

Hasard du calendrier, le directeur de Sciences Po Paris Frédéric Mion a finalement démissionné. Une enquête diligentée par le ministère de l’enseignement supérieur a montré qu’il avait menti aux enseignants, aux étudiants de Sciences Po et à la presse à propos de sa connaissance de l’affaire Duhamel.

 

Redéfinir le consentement

 

Le gouvernement a décidé de durcir la loi pour mieux punir les crimes sexuels contre les mineurs. Un « acte de pénétration sexuelle » d’un adulte sur un mineur de moins de 15 ans sera considéré comme un viol. Le texte devra être débattu par le Parlement.

 

Extrême droite

 

Darmano-Lepenisme

 

On se demandait bien quels pouvaient être les points de désaccord entre Gérald Darmanin et Marine Le Pen. « Pas grand chose », nous ont confirmé les deux protagonistes au cours d’un débat télévisé ce jeudi soir, si ce n’est que Darmanin a pu trouver son interlocutrice d’extrême droite « trop molle ». On remercie le service public pour cette clarification d’intérêt général.

 

L’ex-maire de Montauban

 

Du côté de l’extrême droite encore : la justice vient de condamner Brigitte Barèges à 5 ans d’inéligibilité et 15 000 € d’amende pour détournement de fonds publics. Elle perd tous ses mandats. L’ex-maire de Montauban était notamment connue pour ses sorties anti-migrants et son rapprochement avec Robert Ménard. Elle a déclaré vouloir faire appel.

 

International

 

Birmanie

 

Malgré l’interdiction des rassemblements de plus de cinq personnes et un couvre-feu, les manifestations contre le coup d’État militaire s’enchaînent jour après jour, associées à des grèves de nombreuses professions. Ce vendredi, l’agence Reuters signale des affrontements avec la police alors que des centaines de milliers de Birmans participaient aux manifestations dans tout le pays. Trois personnes ont été blessées par des tirs de balles en caoutchouc dans le sud de la Birmanie.

 

Grèce : un flic dans ton amphi

 

Jeudi soir, les députés ont voté un texte instaurant une police spéciale composée d’un millier d’hommes pouvant patrouiller au sein des universités. Une loi qui, après la fin de l’asile universitaire en 2019, a jeté des milliers d’étudiants dans la rue pour protester contre ce qu’ils jugent être une atteinte à la liberté d’expression et à celle d’organiser une vie politique sur les campus (assemblée générale, manifestations ou occupations). Un texte qui fait écho en France à l’amendement criminalisant l’action de « troubler la tranquillité ou le bon ordre de l’établissement » rajouté dans la loi de programmation de la recherche (lire notre article) et retiré depuis. Mais qui en Grèce a une autre résonance : celle de la répression dans les universités en 1973 à la fin du régime des colonels et son bilan officiel de 23 morts.

 

Grève des médias en Pologne

 

Après l’avortement, le gouvernement ultraconservateur polonais s’attaque à la liberté de la presse. Pas frontalement, mais en taxant leurs recettes publicitaires commerciales. Subtilement, le parti Droit et Justice (PIS) au pouvoir allouera ces nouveaux fonds au système de santé. Mercredi 10 février, les médias privés et indépendants du pays se sont mis en grève et affichaient un écran noir. Une façon de montrer tout de suite ce que pourrait devenir le paysage médiatique en Pologne d’ici peu. En 2014, en Hongrie, Viktor Orban avait lui aussi promulgué une taxe similaire. Avec pour résultat, un fort contrôle de l’information.