Un jour sans fin


 

Le gouvernement s’était contenté d’un confinement allégé à l’automne pour des raisons économiques. Puis d’un « plateau haut » à 20 000 contaminations et 300 morts par jour depuis des mois. Aujourd’hui, il se trouve contraint de rejouer le même scénario qu’à l’automne : une course aux restrictions incertaines et à minima. Impact concret, et pourtant annoncé, des variants oblige. L’épidémie de Covid-19 apparaît ainsi comme un jour sans fin, où les luttes sont existantes, mais entravées, où le chômage et les licenciements s’accroissent et où l’on trouve quelques « profiteurs de guerre »… dont la rapacité est, elle aussi, comme un jour sans fin.

 

Grèves et manifestations

 

Mobilisation nationale des sages-femmes

 

« On vous fait naître, il faut nous reconnaître » était un des messages scandés lors de la journée de grève nationale des sages-femmes mercredi 24 février. La troisième depuis le début de l’année à l’appel de nombreuses organisations professionnelles. Et toujours les mêmes revendications : reconnaissance de leurs qualifications et salaires correspondants, embauches pour pouvoir correctement faire leur travail auprès des femmes, ou encore arrêt des fermetures de lits et de maternités. Des exigences pour beaucoup semblables à celles des autres professions du secteur de la santé, malgré un Ségur qui finalement n’a pas changé grand-chose.

 

La CGT spectacle appelle à manifester le 4 mars

 

Du fait de la crise sanitaire, le gouvernement a prolongé les droits d’indemnisation des intermittents du spectacle jusqu’à fin août 2021, pensant que l’activité reprendrait. Raté. Alors que les évènements culturels sont toujours entravés, le gouvernement prolongera-t-il la mesure ? « En coulisse, ce scénario n’est pas privilégié par le gouvernement », soutient la CGarticleT spectacle, qui appelle à une manifestation le 4 mars.

 

Nouvel appel à la grève pour les AED

 

la Coordination nationale des collectifs d’assistants d’éducation (AED) appelle à une « semaine morte dans les Vies scolaires » à partir du lundi 22 mars. Ce sera la troisième séquence de mobilisation des pions depuis le mois de décembre (lire notre article).

 

Grève reconductible dans les labos du Tarn

 

Sept labos en grève illimitée dans le Tarn : 65 salariés des laboratoires Eurofin (2/3 du personnel) qui réalisent, entre autres, de nombreux tests Covid dans le Tarn se sont mis en grève reconductible ce 16 février. Ils et elles demandent une augmentation de 5 % des salaires et une amélioration de leurs conditions de travail.

 

Avant d’être licenciés : une prime chez SKF Avallon

 

Pas facile de se motiver au boulot quand on sait que son entreprise va fermer dans un an. Alors, les salariés de SKF, qui fabriquent des roulements d’orientation pour les tunneliers à Avallon (Yonne) demandent une « prime de continuité d’activité ». Et pour l’obtenir, ils sont entrés en grève reconductible ce 24 février.

 

Quand Génération identitaire se rassemble, ses opposants sont dissous

 

Ils n’étaient pas si nombreux pour la manifestation statique la plus importante du groupe d’extrême droite : celle contre sa dissolution. Selon la préfecture de police de Paris : 1500. Moins selon plusieurs observateurs. Et s’il s’agissait d’une opération pour montrer un mouvement politique propre sur lui, c’est raté. Les slogans lancés ici ou là rangent clairement Génération identitaire dans ce qu’il est : un groupuscule fasciste. Des « Europe, jeunesse, reconquête » ou « La France aux Français » en témoignent. De leur côté, les militants antifascistes n’ont pu se rassembler. Les amendes ont plu sur les contre-manifestants et le gilet jaune Jérôme Rodriguez a été arrêté pendant quelques heures.

 

PSE, licenciements, chômage

 

Des syndicats unanimes contre la réforme chômage

 

Un tour de chauffe avant les grandes manœuvres. Élisabeth Borne la ministre du Travail recevra syndicats et patronat le 2 mars à propos de l’avenir de la réforme de l’assurance chômage, après que le Conseil d’État ait rendu illégale certaines de ses dispositions. En attendant, les représentants des salariés donnent de la voix. Pour la première fois, la CGT, la CFDT, FO, la CFE-CGC et la CFTC expriment ensemble dans un communiqué leur rejet de cette réforme dans son principe fondateur : baisser les allocations chômage pour inciter un retour plus rapide vers l’emploi.

 

Aide aux précaires : quand ce n’est pas dans ton ADN

 

C’était une des « mesures sociales » du gouvernement annoncé en novembre. C’est devenu un mini fiasco en février. L’aide complétant les revenus à hauteur de 900 € pour les salariés précaires, ayant moins travaillé en 2020 qu’en 2019 à cause de la crise sanitaire, se révèle moins exceptionnelle que la COM gouvernementale l’annonce. Si la ministre du Travail a fièrement mis en avant que 400 000 personnes en ont bénéficié, elle n’évoque ni les faibles montants souvent perçus, ni les difficultés de certains précaires (25 000 personnes) pour l’obtenir alors qu’ils y ont droit, ni les versements de Pôle emploi à des demandeurs d’emploi (15 000) n’entrant pas dans les critères d’attribution. Des trop perçus à rembourser évidement pour ces chômeurs.

 

Et Hop, Air France se fout de la gueule de ses pilotes

 

Les représentants au CSE des salariés de Hop, la filiale d’Air France, ont annoncé qu’il allait déposer une action en référé la semaine prochaine contre la compagnie aérienne. En cause : l’embauche par Air France de 116 pilotes extérieurs à l’entreprise, alors que le PSE chez Hop concerne 317 pilotes et que la Direccte a refusé son homologation. Un PSE qui prévoyait une baisse de la rémunération des personnels naviguant transférés vers la maison mère.

 

PSE : des licenciements en masse

 

La barre symbolique des 100 000 emplois devant être supprimés dans le cadre de plans de sauvegarde de l’emploi vient d’être franchie : 103 392 ruptures de contrat de travail pour être précis, selon les dernières données du ministère du Travail (Dares). Trois fois plus entre le 1er mars 2020 et le 21 février 2021, que lors de la même période l’année précédente. Un chiffre qui ne compte pas les autres types de licenciements économiques, hors PSE. Ceux-ci concernent dans 90 % des cas moins de 10 salariés, mais sont au nombre de 6900 procédures sur la même période.

 

424 000 ruptures conventionnelles en 2020

 

4,4 % de moins qu’en 2019, mais une décrue en trompe-l’œil. Lors du premier confinement, la baisse a été importante au moment où l’activité partielle se mettait en route et où les Direccte fonctionnaient au ralenti : -13 % en mars, -58 % en avril, -42,5 % en mai. Autant dire qu’ensuite les entreprises se sont rattrapées pour atteindre le chiffre final d’une baisse de 4,4 %. Et ce malgré un maintien à un niveau élevé du dispositif de chômage partiel. En soustrayant la période du premier confinement, le nombre de ruptures conventionnelles augmente donc de 6,8 % en 2020 explique la Dares.

 

Répression

 

Farida C.

 

Violemment interpellée par des policiers le 16 juin 2020, aux Invalides à Paris, lors d’une manifestation, l’infirmière Farida C a été jugée cette semaine pour violences (jet de pierre) et outrage à agents. Le parquet a requis deux mois de prison avec sursis. La décision sera connue le 3 mai.

 

Marchons sur les aéroports

 

Le 3 octobre 2020, sept personnes entrent sur le tarmac de l’aéroport de Bordeaux-Mérignac pour la journée d’action nationale « Marchons sur les aéroports ». Ils dénonçaient l’impact climatique du secteur aérien. Leur procès s’est tenu ce lundi 22 février, le procureur a requis 500 euros d’amende avec sursis pour chaque prévenu. Le jugement sera rendu le 29 mars.

 

ZAD de Gonesse évacuée

 

Une vingtaine de militants occupaient la ZAD du triangle de Gonesse (Val-d’Oise) depuis le 7 février pour dénoncer la construction d’une gare au milieu des champs prolongeant la ligne 17 du Grand Paris Express. Ils ont été expulsés ce mardi 23 février au petit matin.

 

La justice traîne des pieds pour juger les agresseurs d’Arthur Naciri

 

Le 10 décembre 2019, Arthur Naciri se faisait casser 9 dents d’un coup de matraque porté par un policier alors qu’il tentait de quitter une manifestation contre la réforme des retraites à Lyon. Le procès des policiers devait avoir lieu ce mardi à Lyon, mais leur avocat a demandé un supplément d’information qui repousse finalement sa tenue… en septembre.

 

Dans les boîtes

 

Dividendes un jour, dividendes toujours

 

En 2020, deux entreprises sur trois dans le monde ont maintenu ou augmenté leurs dividendes, malgré le recul du PIB lié à la crise sanitaire. Le montant total des dividendes versés recule cependant de 12,2 % pour s’établir à 1255 milliards de dollars, soit son niveau de 2018 (lire notre article).

 

Uber joue à qui perd gagne

 

Deux claques en deux semaines pour la plateforme numérique. Après la Grande-Bretagne où la plus haute cour de justice rejette définitivement le statut d’indépendant pour ses chauffeurs, l’Italie condamne Uber Eats, Deliveroo et deux autres entreprises à embaucher 60 000 livreurs et à payer une amende de 733 millions d’euros, pour des violations des règles de santé et de sécurité au travail. Mais une partie qui se joue aussi à Bruxelles depuis cette semaine. Et des manœuvres d’Uber pour obtenir une directive qui lui soit favorable dans l’ensemble des pays de l’Union européenne (lire notre article).

 

Adecco jugé pour le fichage racial de ses salariés

 

C’est un feuilleton judiciaire qui dure depuis désormais 20 ans. L’agence d’intérim Adecco est renvoyée devant le tribunal correctionnel de Paris, pour « discrimination » et « fichage à caractère racial », le jugement doit être rendu vendredi.

 

International

 

Résistance à la junte en Birmanie

 

Depuis le 1er février, une junte militaire a pris le pouvoir en Birmanie. Elle se trouve depuis lors confrontée à un grand soulèvement populaire, doublé de grèves générales, qui réclame sa démission. Les manifestations de centaines de milliers de personnes, émaillées de violences, comptabilisent cinq morts ce mercredi. Plusieurs manifestants sont morts par des tirs à balles réelles à la tête.

 

Importantes manifestations pour les deux ans du Hirak

 

Lundi, pour l’anniversaire du soulèvement contre un cinquième mandat du président alors en exercice Bouteflika, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté d’Alger à Tizi Ouzou, de Constantine à Béjaïa,. Deux années qu’a commencé le Hirak, ce mouvement rejetant les institutions et l’ensemble de la classe politique algérienne. Après un an de manifestations, les mobilisations s’étaient éteintes avec le Covid-19. Elles sont de retour. Mardi, les étudiants ont à leur tour investi la rue à Alger, subissant quelques arrestations comme la veille. Puis, ce vendredi, de nouveaux défilés fournis ont eu lieu dans plusieurs villes d’Algérie, malgré la répression.

 

Une semaine d’affrontements à Barcelone

 

Depuis l’arrestation en milieu de semaine dernière du rappeur d’extrême gauche Pablo Hasél, les manifestations se multiplient en Catalogne, et débordent un peu dans le reste de l’Espagne. Le rappeur a été condamné à 9 mois de prison ferme pour injure à la couronne d’Espagne et apologie de terrorisme suite à des messages sur Twitter. Pendant une semaine, chaque soir des milliers de Barcelonais se heurtent à la police. Plus d’une centaine d’entre eux ont été arrêtés cette semaine dans la capitale catalane.

 

Et aussi

 

Covid-19 : l’exécutif tourne autour du confinement

 

Ne pas confiner, ou le plus tard possible et le moins possible, tient lieu de boussole à Emmanuel Macron et son gouvernement depuis l’automne. Pourtant, ce qui était annoncé arrive. Le 29 janvier, le conseil scientifique alertait sur les variants et recommandait un confinement pour faire baisser le nombre de cas journalier. Cela pour tenir, avant que la campagne vaccinable soit réellement déployée au printemps. Un rapport rendu public seulement jeudi, quatre semaines plus tard, au moment où la situation s’emballe dapétitionns une vingtaine de départements. Du coup, jeudi soir Jean Castex a annoncé que ces départements pourraient rejoindre Nice et Dunkerque dans des mesures supplémentaires avec un possible confinement les week-ends d’ici une semaine.

 

Deux rixes mortelles dans l’Essonne

 

Les deux affaires semblent n’avoir aucun lien, mais les situations sont bien semblables. Deux adolescents de 14 ans sont morts dans l’Essonne lundi et mardi. En cause : deux rixes entre jeunes qui se sont déroulées dans deux communes du département éloignées de 45 km.

 

Vidal Démission

 

« Alors que nos étudiants crèvent de faim, se suicident, n’arrivent plus à payer leur loyer, arrêtent leur étude par centaines, la ministre Frédérique Vidal a décidé de mobiliser le CNRS pour mener une enquête sur “l’islamo-gauchisme” ». C’est ainsi que débute la pétition lancée par Thomas Portes (militant PCF) et qui cumule ce vendredi plus de 16 500 signatures.

 

Fuite de données de santé

 

Les données de santé de 500 000 Français ont été piratées et rendues publiques sur un forum de discussion début février. L’affaire a été révélée par Libération ce 23 février, elle est désormais entre les mains des autorités judiciaires, qui ont ouvert une enquête.