Elles ne font pas la une de l’actualité, pourtant un peu partout des salariés sont en lutte. Ici contre un plan social, là pour des augmentations de salaire ou pour une reconnaissance de leur travail. Cette semaine, nous les mettons à la une, avant l’investiture de Joe Biden ou le début des débats parlementaires sur la loi « séparatisme ».
Des grèves partout
Grèves longues
Les salariés de la raffinerie de Grandpuits en région parisienne poursuivent leur grève pour une troisième semaine consécutive. Ils refusent toujours les suppressions d’emplois (700 selon la CGT) liées au plan de transformation du site annoncé par la direction de Total (lire notre article). À plusieurs centaines de kilomètres de là, sept employés de La Stef (logistique) dans le Tarn-et-Garonne se sont mis en grève de la faim en milieu de semaine. Les salariés, en grève depuis cinq semaines réclament une augmentation de salaire de 100 €.
On ne change pas une Équipe qui gagne
Une rédaction peu habituée à la grève de l’aveu même de ses journalistes. Et pourtant ! Deux semaines de grève contre la suppression de cinquante postes, dont 47 journalistes, au sein de la SAS L’Équipe. Un PSE et des conditions de départs qui ne passent pas. Du coup un mouvement reconduit de jour en jour à l’appel des syndicats SNJ, SNJ-CGT, BP-UFICT-CGT et SGLCE-CGT et suspendu ce vendredi après-midi après quelques avancées.
Une grève qui aimerait durer
Les assistants d’éducation (AED) étaient de nouveau en grève mardi 19 janvier. Le 1er décembre, ils entamaient la première mobilisation de l’histoire de leur statut (lire notre article). Mardi, des centaines de vies scolaires sont restées fermées et les « pions » ont reconduit leur mouvement dans plusieurs départements (lire notre article). Certains d’entre eux seront de nouveau en grève le 26 janvier pour la journée dans l’éducation et de prochaines dates spécifiques de mobilisation se profilent dans les semaines qui viennent.
En force contre le projet Hercule
Et de quatre ! Les agents d’EDF étaient encore très mobilisés mardi 19 janvier pour la quatrième journée de grève depuis l’automne contre le projet de restructuration (lire notre article) de leur entreprise. La direction annonce 28 % de grévistes cette semaine. Soit sensiblement le même niveau de mobilisation que lors des journées des 26 novembre et 10 décembre, elles aussi à l’appel de l’intersyndicale CGT, FO, CFE-CGC, CFDT. À Paris, les grévistes ont déposé des compteurs Linky devant le siège de La République en marche.
Sanofi n’est pas vacciné contre la grève
Seulement 5 % de grévistes annoncés par la direction du groupe. Un chiffre ridicule pour la CGT qui annonce une mobilisation bien suivie (lire notre article). Mardi 19 janvier, plusieurs syndicats appelaient à la grève contre les suppressions d’emplois (un millier en France, dont 400 dans la recherche et le développement). Ce vendredi, la CGT a annoncé un mouvement reconductible à compter du 1er février.
Grèves des « Carambar »
Les salariés du site de Marcq-en-Barœul ont cessé le travail cette semaine. Depuis l’annonce du transfert de 105 sur 114 d’entre eux vers l’usine Lutti, des grèves à répétition ont fait fondre les stocks de carambars. La société d’investissements Eurazeo qui a racheté Carambar&Co il y a deux ans prévoit de baisser leurs salaires d’un quart.
Début d’une grève chez Celio
Un PSE qui supprime 393 emplois, la fermeture de 103 magasins et pas d’information claire pour les salariés, quant à leur avenir. Alors que certains magasins ferment la semaine prochaine selon la CGT. C’est ce qu’a voulu dénoncer le syndicat avec un appel à la grève. Jeudi 21 janvier, des salariés se sont rassemblés devant le siège de Celio à Saint-Ouen. Faute d’être reçu par la direction, un nouveau rassemblement, cette fois devant le magasin des Champs-Élysées, était programmé le lendemain.
RATP
Les conducteurs RATP des lignes RER A et B ont débrayé ce jeudi à l’appel de la CGT, l’UNSA, SUD et FO. Seulement un train sur deux (deux sur trois aux heures de pointe) circulait selon la direction. Les agents dénonçaient des « pressions managériales constantes » et réclamaient une revalorisation de leur salaire.
Autres mobilisations
Marche des libertés
La manifestation du 16 janvier contre les lois de sécurité globales et de séparatisme a rassemblé 200 000 participants en France selon la coordination « Stop loi sécurité globale », organisatrice de la marche. Partout en France, des cortèges « teuf » se sont constitués dans les manifestations en soutien aux inculpés de Lieuron. Événement notable : à Lyon la police a officiellement mis fin à la manifestation après avoir chargé le cortège (en savoir plus). La prochaine marche des libertés aura lieu le 30 janvier.
« Étudiants fantômes »
Mercredi et jeudi, des manifestations et rassemblements étudiants ont été organisés dans toutes les grandes villes de France pour protester contre la fermeture des facs et demander des moyens pour l’enseignement supérieur et la recherche. Dans la foulée, Emmanuel Macron a annoncé que les étudiants pourraient avoir cours en présentiel un jour par semaine. Une annonce qui a doucement fait sourire la communauté éducative qui sait bien à quel point la complexité des emplois du temps rend la mise en place d’une telle mesure longue et fastidieuse…
Marseillais déchaînés
Alors que les soignants manifestaient partout en France jeudi 21, la CGT marseillaise avait appelé à faire de cette date une journée interprofessionnelle « pour le progrès social ».
PSE, licenciements, emploi
Fedex vide ses stocks (de salariés)
Le spécialiste américain de livraisons de colis FedEx a annoncé mardi son intention de supprimer entre 5500 et 6300 emplois en Europe pour « éviter les doublons » suite au rachat en 2016 du groupe néerlandais TNT. Pour rappel, la boîte s’était faite remarquer en France pour la mort d’un de ses salariés employé en intérim pendant le confinement (voir notre article).
Quand ton patron s’enflamme
Les entreprises sous-traitantes de l’aéronautique sont particulièrement affectées par la crise économique. Les 2000 salariés d’AKKA dans la banlieue toulousaine en savent quelque chose puisque leur employeur leur a annoncé il y a plusieurs mois que 1150 postes seraient supprimés dans leur boîte. Un chiffre un peu gros qui est aujourd’hui retombé à 650 après négociation… allez encore un effort patron !
Faute d’emploi, de l’argent à Bridgestone
Ce jeudi, la direction de Bridgestone France et les organisations syndicales ont signé un accord sur les indemnités supra légales de départ des 863 salariés licenciés à la suite de la fermeture du site béthunois du manufacturier de pneumatiques. Chaque salarié touchera, en plus du minimum légal, 46 500 € plus 2 500 € par année d’ancienneté. « Nous sommes très satisfaits », a déclaré Stéphane Ducrocq, avocat de l’intersyndicale (CGT, Sud Chimie, FO, CFDT, UNSA, CFTC, CFE-CGC) de Bridgestone Béthune.
Violences sexuelles et patriarcales
Le 3919 mis en concurrence
La fédération nationale Solidarité femmes, fondatrice et gestionnaire de ce numéro d’écoute des femmes victimes de violences depuis 1992, a saisi le tribunal administratif de Paris contre la décision du gouvernement d’ouvrir un marché public sur le 3919. Elle demande l’annulation de la procédure à laquelle elle a refusé de postuler.
#MeetooInceste
Les accusations d’inceste de Camille Kouchner dans son livre à l’encontre d’Olivier Duhamel ont brisé en partie le silence sur ces traumatismes subis dans l’enfance ou la prime adolescence. Des milliers de messages ont envahi Twitter pour expliquer que « moi aussi » et révéler les abus d’un père, d’un oncle, d’un frère ou d’un cousin. Et ainsi, montrer l’entendue des violences sexuelles d’adultes sur les enfants.
Le Honduras en miroir renversé de l’Argentine
Les semaines se suivent et ne se ressemblent pas. Il y a trois semaines, le Sénat argentin légalisait l’avortement. Jeudi 21 janvier, les parlementaires conservateurs du Honduras ont verrouillé son interdiction. Ils ont voté une réforme constitutionnelle qui définit l’IVG comme « interdite et illégale ». Pour s’assurer qu’elle le reste, le Parlement a ajouté une clause stipulant qu’il faut les trois quarts des députés pour la modifier.
5000 femmes portées disparues au Pérou
Le Pérou a enregistré deux fois plus de disparitions de femmes, en majorité des mineures, au cours de l’année 2020 par rapport à 2019, selon un rapport du bureau du Défenseur des droits. Le rapport « Que leur est-il arrivé ? » précise que 1686 femmes adultes et 3835 enfants et adolescentes ont été portées disparues en 2020, d’après les données du ministère de l’Intérieur. Le pays a officiellement répertorié 138 féminicides en 2020.
Du côté du gouvernement
Vers un nouveau sommet social ?
En plus de rencontres bilatérales lundi 25 janvier entre les organisations professionnelles et la ministre du Travail à propos du devenir de la réforme de l’assurance chômage (lire notre article), Jean Castex a commencé à recevoir syndicats et patronat sur les conséquences sociales du Covid-19 et la poursuite des réformes du gouvernement. Potentiellement au programme : la réforme des retraites et de l’assurance chômage. Matignon a reçu la CPME (petites et moyennes entreprises) jeudi et la CFDT vendredi. Les autres formations syndicales auront rendez-vous la semaine prochaine. L’exécutif prévoit une nouvelle « conférence du dialogue social » pour le mois de mars.
Projet de loi « Séparatisme »
La commission spéciale de l’Assemblée nationale chargée d’examiner le projet de loi « confortant le respect des principes de la République » a commencé ses travaux lundi 18 janvier. Pas moins de 1 721 amendements ont été déposés, dont une grande partie sur l’interdiction du voile dans les lieux publics. Jeudi, un collectif d’associations et de chercheurs ont publié une tribune dans le journal Libération pour fustiger « une grave atteinte aux libertés associatives ».
L’état d’urgence sanitaire encore prolongé
Mercredi, les députés (113 pour, 43 contre) ont prolongé jusqu’au 1er juin l’état d’urgence sanitaire par lequel le gouvernement peut se passer du parlement pour sa gestion de l’épidémie de Covid-19 et prendre de nombreuses décisions de privation des libertés. Pour une prolongation d’un régime d’exception au delà du 1er juin, le gouvernement devra revenir devant les députés dans le courant du mois de mai.
Baccalauréat : pas avant juin
Les épreuves prévues entre le 15 mars et le 17 mars n’auront pas lieu à cause du coronavirus. Jean-Michel Blanquer a annoncé jeudi que les épreuves de spécialités du bac étaient finalement annulées et remplacées par le contrôle continu. Un changement de cap, mais pour une fois un peu anticipé.
Extrême droite
Génération identitaires dans les Pyrénées et à la télé
Génération identitaire a renouvelé son opération anti-migrants. Cette fois-ci ce ne sont pas les Alpes mais les Pyrénées qui ont été le lieu de leurs agissements. Environ une trentaine de militants de cette organisation raciste ont patrouillé à la frontière franco-espagnole en quête de migrants à refouler. L’opération de communication a malheureusement trop bien fonctionné puisque jeudi soir, la porte-parole du mouvement était l’invitée de l’émission Balance Ton Poste de Cyril Hanouna.
Attaque fasciste d’un local à Angers
L’extrême droite revendique l’attaque du local associatif l’étincelle à Angers qui accueille une quinzaine d’associations. Les assaillants ont volé, puis brûlé affiches, autocollants, banderoles et livres.
Steve Bannon gracié
Donald Trump a gracié 73 personnes, dont son ancien conseiller Steve Bannon peu avant la fin de ses fonctions. Il était accusé d’avoir détourné des fonds prétendument destinés à la construction d’un mur à la frontière Etats-Unis-Mexique. Figure de l’extrême droite américaine, il est l’un des artisans de la campagne présidentielle victorieuse de Donald Trump en 2016.
International
Trump s’en va
Il est finalement parti. Mercredi 20 janvier, Joe Biden a été investi 46e président des États-Unis en succédant à Donald Trump. Pour ce dernier, la descente aux enfers commence peut-être. Lundi, la procédure d’impeachment lancée le 13 janvier par la chambre des représentants arrive au Sénat. Et quand rien ne va : les Proud Boys lâchent l’ancien président le qualifiant maintenant de « traître » et même de complice du système.
Bolsonaro est encore là
Le « Trump tropical » est lui toujours en exercice. Cette semaine, le collectif solidarité Brésil édite son second baromètre d’alerte sur la situation des droits humains au Brésil. Il couvre l’année 2020 et les questions de racisme, des violences policières, des femmes, des personnes LGBTQI+, du travail ou encore de l’environnement. Le rapport est disponible ici.
La Tunisie s’embrase de nouveau
Dix ans après la révolution de « Jasmin », la situation sociale et les difficultés économiques n’ont guère évolué. À l’occasion des 10 ans du départ de Ben Ali, la Tunisie a connu plusieurs nuits d’émeutes et de manifestations. Un millier de personnes, dont de nombreux mineurs ont été arrêtés par la police au cours de la semaine.
Et aussi
Make our planet safe again
Ce vendredi 22 janvier entre en vigueur le traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN). Mais la France, troisième puissance nucléaire mondiale derrière les États-Unis et la Russie, ne l’a pas ratifié. Pourtant, ce traité (notre article) n’est pas de la moindre importance : il interdit l’utilisation, la menace d’utilisation, la production, l’acquisition, le stockage et le transfert d’armes nucléaires. Il pose aussi en creux des limites à leur financement par des acteurs privés (banques, etc.).
Le chiffre qui fait flipper
Réduire la pollution de l’air aux niveaux recommandés par l’OMS pourrait permettre d’éviter plus de 50’000 morts par an en Europe, selon une étude publiée (par l’OMS) mercredi.
TGV : la SNCF bientôt incapable d’anticiper les grèves ?
Ironie du sort, avec l’ouverture à la concurrence des lignes grandes vitesses le 12 décembre 2020, les TGV pourraient bien échapper à la loi qui oblige ses cheminots à déclarer leur intention de grève deux semaines à l’avance (notre article).
Plaintel produit à nouveau des masques
C’est la bonne nouvelle de la semaine. L’usine de masques de Plaintel, fermée puis rouverte sous forme de coopérative, produit à nouveau des masques. Au début de la crise sanitaire, la découverte de la destruction des machines de l’usine avait suscité un tollé (notre article).
Faisons face ensemble !
Si les 5000 personnes qui nous lisent chaque semaine (400 000/an) faisaient un don ne serait-ce que de 1€, 2€ ou 3€/mois (0,34€, 0,68€ ou 1,02€ après déduction d’impôts), la rédaction de Rapports de force pourrait compter 4 journalistes à temps complets (au lieu de trois à tiers temps) pour fabriquer le journal. Et ainsi faire beaucoup plus et bien mieux.